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Festival du court-métrage de Clermont Ferrand 2002 (c) D.R. FESTIVAL DU COURT-METRAGE
DE CLERMONT FERRAND 2002
Par Marc LEPOIVRE


Coup d'œil sur la programmation française de ce 24e festival de Clermont-Ferrand. Et disons le d'emblée, le cru 2002 n'est pas d'un niveau exceptionnel. Certains programmes brillaient même par leur faiblesse insigne et l'on se demandait carrément comment certains films arrivaient à se faire sélectionner. Concernant l'ambiance, il semblait que le cœur n'y était pas vraiment. On ne peut pas dire que c'était la grosse fête ! Certes, il y avait foule, et la brasserie Gergovia, attenante au palais des congrès, était toujours pleine et animée, mais si l'on écoutait bien les propos qui s'échangeaient ici et là, on pouvait déceler une certaine inquiétude, cristallisée autour d'un acteur très présent au festival : rien moins que Canal +, et l'orientation incertaine du groupe en matière de soutien à la création cinématographique française, notamment de court métrage. Bref, l'ombre de J2M planait sur la bonne ville de Clermont. Qui peut lui échapper ? Cela étant dit, il y avait tout de même du bon à prendre et quelques réussites indiscutables.

  Mes insomnies (c) D.R.

Et tout d'abord le grand prix de la compétition nationale attribué à Des Anges, de Julien Leloup. Récompense pleinement justifiée. Ce film est un petit bijou de maîtrise et d'efficacité, percutant et dérangeant quant au sujet qu'il traite : la violence des mineurs dans les banlieues. Leloup évite les deux principaux écueils qui le guettaient : d'une part l'énième film sur les banlieues à caractère sociologisant, d'autre part la complaisance dans la violence. Le film raconte la journée de dérive dans une cité de deux gamins (disons des pré-ados) à gueule d'ange. Ils accumulent les bêtises et les blagues, mais celles-ci peu à peu se font de moins en moins drôles, de plus en plus inquiétantes, jusqu'à l'explosion de violence finale, terrible et glaçante. Ce qui frappe, c'est à quel point Julien Leloup, ancien de la Fémis et excellent monteur (on le retrouve à ce poste dans un autre film sélectionné, Novela, de Cédric Anger), possède en maître les ressorts et les effets du langage cinématographique. C'est en ce sens que son film est efficace : un film parfaitement pensé et voulu. Ainsi, dès l'écriture, le récit est extrêmement bien construit, presque sans faille, tirant le meilleur parti du format court (à peine 15 minutes), c'est-à-dire très dense. On reconnaît la structure d'un mini-récit picaresque : deux personnages qui, le long d'un chemin qu'ils parcourent, ont des aventures et font des rencontres. Leloup sait y installer une tension qui monte irrésistiblement jusqu'à un climax final brusque et inattendu. Or, ces qualités narratives sont amplifiées par des qualités formelles : un sens très sûr du cadre, toujours précis et juste, qui fait mouche et, bien sur, un montage parfait, très dynamique et rythmé. Sans oublier un jeu d'acteur déconcertant de naturel.