COMPTE RENDU
Le festival du film asiatique
s’est ouvert cette année sous le signe de l’innovation
et de la discorde.
En effet, pour cette nouvelle
édition, l‘événement était enrichi
d’une compétition vidéo inédite, comptant
six long-métrages tournés en format DV. Il convient
de saluer la prise en compte par les organisateurs du festival
de ce que représente ce support en temps que moyen
d’expression artistique à part entière.
En revanche, la compétition
officielle, qui comptait à l’origine sept films, fut
amputée de l’un d’entre eux pour des raisons diplomatiques.
En effet, le drapeau de Taiwan flottant sur Deauville irrita
Pékin, qui demanda au réalisateur chinois Lou
Jian d’enlever expressément son film de la compétition
et de rentrer en Chine Populaire : " il
ne peut y avoir qu’une seule Chine… ". Malgré
cet incident, il fut possible de voir hors-compétition
deux films chinois dans une section Panorama qui, cette année,
en recensait neuf. Aussi, pour le plus grand bonheur des petits
et des grands enfants, de nouveau, la section jeune publique
fut reconduite, présentant hors compétition
deux films japonais et un film indien. Et pour ceux qui auraient
souhaité reprendre une dose de mangas, un hommage rendu
aux Studios Madhouse prévoyait la diffusion de quelques
perles du genre.
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Le jury de la compétion
officielle, " franco-asiatique " comme
le veut la coutume, se composait de cinq membres : Karen
Mok (actrice hong-kongaise et star de " cantopop "),
Caroline Ducey (la révélation de Romance
de Catherine Breillat), Jacques Chancel, (1,50 mètre
de sagesse, l’âme de France Télévision)
Jacques Fieschi (scénariste français, collaborateur
de Maurice Pialat, Claude Sautet et bien d’autres encore …),
et pour présider ce Jury, Shin Sang-Ok surnommé
" le Prince du cinéma Coréen ".
D’ailleurs, un hommage lui était rendu et quatre de
ses films ont été projetés. Il fallait
aussi compter sur des hommages rendus à deux réalisateurs
aussi différents qu’influents dans l’univers du septième
Art asiatique : Akira Kurosawa (projection de Kagemusha ,
1980, version dierctor’s cut) et Johnnie To Kei-Fung (alias
Johnnie To).
LE PAYS DES MATINS CALMES DEBARQUE EN FORCE
Sans conteste, ce festival
a été empreint d’une indéniable et hétéroclite
présence coréenne. Présent au sein de
toutes les attractions festivalières, le cinéma
coréen a conquis, comblé, mais aussi frustré
ou déçu le public de Deauville.
C’est avant tout, la présidence
du Jury incarnée par le cinéaste Shin Sang-ok,
ainsi que l’hommage rendu à son œuvre cinématographique
qui inscrivirent cette manifestation sous le signe explicite
de la Corée. Sans aucun doute, Shin Sang-ok est considéré
comme le Père et le Maître du cinéma coréen
avec une œuvre totalisant plus de 70 dix longs métrages
et la production d’environ 300 autres. Pour ce faire, quatre
de ses films furent projetés sur les écrans
des salles normandes, The Sino-Japanese War and brave Queen
Minbi (1965), Phantom Queen (1967), Vanished
(1994) et son chef d’œuvre, Eunuch (1968). Ce panorama
" sang-okien " souligne l’intérêt
historico-politique que porte ce grand réalisateur
sur sa nation trop souvent bafouée et minée
par des conflits internes.
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