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4e Festival du film asiatique de Deauville (c) D.R. 4e FESTIVAL
DU FILM ASIATIQUE

7 au 10 mars 2002
Deauville
Par Nicolas DESPRES et Nicolas MICHEL


Il arrive qu’à Deauville, il y ait autre chose à voir que les gens qui désirent être vus. Les drapeaux qui flottaient sur le CID (Palais des Congrès) annonçaient un événement qui donnait à cette " banlieue-balnéaire " parisienne ultra chic, une dimension culturelle. Ce week-end de mars, dans un registre éloigné de l’exhibition superficielle, Deauville affichait un esprit extrême-oriental, celui du 4ème Festival du film asiatique.


COMPTE RENDU

Le festival du film asiatique s’est ouvert cette année sous le signe de l’innovation et de la discorde.

  Failan (c) D.R.

En effet, pour cette nouvelle édition, l‘événement était enrichi d’une compétition vidéo inédite, comptant six long-métrages tournés en format DV. Il convient de saluer la prise en compte par les organisateurs du festival de ce que représente ce support en temps que moyen d’expression artistique à part entière.

En revanche, la compétition officielle, qui comptait à l’origine sept films, fut amputée de l’un d’entre eux pour des raisons diplomatiques. En effet, le drapeau de Taiwan flottant sur Deauville irrita Pékin, qui demanda au réalisateur chinois Lou Jian d’enlever expressément son film de la compétition et de rentrer en Chine Populaire : " il ne peut y avoir qu’une seule Chine… ". Malgré cet incident, il fut possible de voir hors-compétition deux films chinois dans une section Panorama qui, cette année, en recensait neuf. Aussi, pour le plus grand bonheur des petits et des grands enfants, de nouveau, la section jeune publique fut reconduite, présentant hors compétition deux films japonais et un film indien. Et pour ceux qui auraient souhaité reprendre une dose de mangas, un hommage rendu aux Studios Madhouse prévoyait la diffusion de quelques perles du genre.

Kagemusha (c) D.R.

Le jury de la compétion officielle, " franco-asiatique " comme le veut la coutume, se composait de cinq membres : Karen Mok (actrice hong-kongaise et star de " cantopop "), Caroline Ducey (la révélation de Romance de Catherine Breillat), Jacques Chancel, (1,50 mètre de sagesse, l’âme de France Télévision) Jacques Fieschi (scénariste français, collaborateur de Maurice Pialat, Claude Sautet et bien d’autres encore …), et pour présider ce Jury, Shin Sang-Ok surnommé " le Prince du cinéma Coréen ". D’ailleurs, un hommage lui était rendu et quatre de ses films ont été projetés. Il fallait aussi compter sur des hommages rendus à deux réalisateurs aussi différents qu’influents dans l’univers du septième Art asiatique : Akira Kurosawa (projection de Kagemusha , 1980, version dierctor’s cut) et Johnnie To Kei-Fung (alias Johnnie To).



LE PAYS DES MATINS CALMES DEBARQUE EN FORCE

Sans conteste, ce festival a été empreint d’une indéniable et hétéroclite présence coréenne. Présent au sein de toutes les attractions festivalières, le cinéma coréen a conquis, comblé, mais aussi frustré ou déçu le public de Deauville.

C’est avant tout, la présidence du Jury incarnée par le cinéaste Shin Sang-ok, ainsi que l’hommage rendu à son œuvre cinématographique qui inscrivirent cette manifestation sous le signe explicite de la Corée. Sans aucun doute, Shin Sang-ok est considéré comme le Père et le Maître du cinéma coréen avec une œuvre totalisant plus de 70 dix longs métrages et la production d’environ 300 autres. Pour ce faire, quatre de ses films furent projetés sur les écrans des salles normandes, The Sino-Japanese War and brave Queen Minbi (1965), Phantom Queen (1967), Vanished (1994) et son chef d’œuvre, Eunuch (1968). Ce panorama " sang-okien " souligne l’intérêt historico-politique que porte ce grand réalisateur sur sa nation trop souvent bafouée et minée par des conflits internes.