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Festival International du Film Fantastique de Bruxelles (c) D.R. FESTIVAL INTERNATIONAL
DE BRUXELLES

Les vingt ans du festival
du film fantastique
Par Yves GAILLARD


Cette année, le Festival International du Film Fantastique, du Thriller et de la Science-Fiction de Bruxelles fêtait son 20e anniversaire, un âge plus qu’honorable pour le plus important événement du fantastique cinématographique en Europe. A l’initiative de la " European Confederation of Fantasy Film Festivals ", créé en 1996 et regroupant la plupart des festivals européens promoteurs du genre (à l’exception notable de Gérardmer), pionnier dans la découverte du cinéma fantastique asiatique (Ring fut Grand Prix du festival en 1999), le Bifff s’impose plus que jamais comme un des festivals l’un des plus riches et inventifs du Vieux Continent.


20e ANNIVERSAIRE

Conçu initialement, par ses fondateurs, l’association Peymey, comme partie d’une vaste tentative de renouveau culturel de la ville de Bruxelles (incluant cinéma, musique, art), le Bifff s’inscrivait alors comme héritier d’une lignée de festivals qui, de Sitges au Grand Rex en passant par Avoriaz, affirmaient fièrement leur étendard fantastique dans la plus grande ouverture possible au genre. Cette filiation fait du festival, en tant qu’événement, un espace étrange, presque hors du temps, dans le respect d’un " folklore " fantastique un peu désuet, tout en privilégiant la nouveauté et la découverte.

Prenant prétexte du 20e anniversaire du festival, le Nova, cinéma partenaire du Bifff, organisa une rétrospective d’une vingtaine de films baptisé " Trans-Europ Excess " ; de Six Femmes pour l’Assassin de Mario Bava (1964) en passant par Who Could Kill a Child (N.I. Serrador 1975), Schizophrenia (Gerald Kargl 1974) et une sélection des films de Jean Rollin (interview à retrouver sur le site !) et Jess Franco, c’est un panorama subjectif et juste de l’inventivité du cinéma " fantastique " européen des années 70 qui fut offert aux spectateurs bruxellois. Malgré une copie 16 mm médiocre, sous-titrée en suédois ( !), la présentation par le Nova de Six Femmes Pour L’Assassin permit de découvrir un re-montage inédit du film : en accentuant par un montage musical différent l’effet de pure juxtaposition entre les scènes de meurtre et les scènes policières, cette version tronquée apportait un éclairage anedoctique mais amusant sur les intentions parodiques du film de Bava.


LES LONGS METRAGES

S’étalant sur 15 jours, la programmation du Bifff était pour le moins imposante : plus d’une centaine de films furent ainsi projetés, partagés entre le Nova et l’auditorium du Passage 44.

La sélection asiatique était de loin la plus importante du festival, avec une vingtaine de films en provenance de Hong Kong, du Japon et de Corée du Sud. Les meilleurs films de cette sélection étaient sans conteste les plus attendus : Dark Water de Hideo Nakata, Inugami de Masato Harada, et , Ichi The Killer de Takashi Miike


Dark Water (c) D.R.

Dark Water de Hideo Nakata, Japon, 2001

Une jeune mère, Yoshimi (Shigemitsu Ogi), et sa petite fille de 6 ans Ikuko emménagent dans un immeuble de banlieue décrépit. Très vite, elles sont la proie d’un fantôme inquiétant : une fillette au ciré jaune.

Dark Water, le dernier film de Hideo Nakata (Ring 1 et 2) est sans doute l’un des films les plus angoissants de ces dernières années, malgré quelques incohérences scénaristiques. Plus encore que Ring, où l’apparition de Sadako, en donnant forme à l’angoisse latente, avait un goût de concession commerciale, Dark Water renouvelle profondément le " Kaidan eiga " (film de fantômes japonais) en intégrant dans sa construction de l’angoisse le thème des névroses, plus propres au fantastique occidental; les références discrètes à The Changeling (La Maison du diable, Peter Medak, 1974), par l’importance accordé aux objets et au décor comme opérateurs d’angoisse, signent ce renouvellement. La mise en scène, remarquable par sa capacité à installer l’entre-deux fantastique dans les espaces les plus banals (une école, un couloir d’immeuble, une terrasse..), témoigne d’une maîtrise de la composition proche de la perfection. Comme de juste, le final, inattendu, ouvre sur une séquelle possible.