20e
ANNIVERSAIRE
Conçu initialement, par ses fondateurs, l’association
Peymey, comme partie d’une vaste tentative de renouveau culturel
de la ville de Bruxelles (incluant cinéma, musique,
art), le Bifff s’inscrivait alors comme héritier d’une
lignée de festivals qui, de Sitges au Grand Rex en
passant par Avoriaz, affirmaient fièrement leur étendard
fantastique dans la plus grande ouverture possible au genre.
Cette filiation fait du festival, en tant qu’événement,
un espace étrange, presque hors du temps, dans le respect
d’un " folklore " fantastique un peu désuet,
tout en privilégiant la nouveauté et la découverte.
Prenant prétexte du 20e anniversaire du
festival, le Nova, cinéma partenaire du Bifff, organisa
une rétrospective d’une vingtaine de films baptisé
" Trans-Europ Excess " ; de Six Femmes
pour l’Assassin de Mario Bava (1964) en passant par Who
Could Kill a Child (N.I. Serrador 1975), Schizophrenia
(Gerald Kargl 1974) et une sélection des films de Jean
Rollin (interview à retrouver sur le site !) et Jess
Franco, c’est un panorama subjectif et juste de l’inventivité
du cinéma " fantastique " européen
des années 70 qui fut offert aux spectateurs bruxellois.
Malgré une copie 16 mm médiocre, sous-titrée
en suédois ( !), la présentation par le
Nova de Six Femmes Pour L’Assassin permit de découvrir
un re-montage inédit du film : en accentuant par un
montage musical différent l’effet de pure juxtaposition
entre les scènes de meurtre et les scènes policières,
cette version tronquée apportait un éclairage
anedoctique mais amusant sur les intentions parodiques du
film de Bava.
LES LONGS METRAGES
S’étalant sur 15 jours, la programmation du Bifff était
pour le moins imposante : plus d’une centaine de films
furent ainsi projetés, partagés entre le Nova
et l’auditorium du Passage 44.
La sélection asiatique était de loin la plus
importante du festival, avec une vingtaine de films en provenance
de Hong Kong, du Japon et de Corée du Sud. Les meilleurs
films de cette sélection étaient sans conteste
les plus attendus : Dark Water de Hideo Nakata,
Inugami de Masato Harada, et , Ichi The Killer
de Takashi Miike
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Dark
Water de Hideo Nakata, Japon, 2001
Une jeune mère, Yoshimi (Shigemitsu Ogi), et sa petite
fille de 6 ans Ikuko emménagent dans un immeuble de
banlieue décrépit. Très vite, elles sont
la proie d’un fantôme inquiétant : une fillette
au ciré jaune.
Dark Water, le dernier film de Hideo Nakata (Ring
1 et 2) est sans doute l’un des films les plus
angoissants de ces dernières années, malgré
quelques incohérences scénaristiques. Plus encore
que Ring, où l’apparition de Sadako, en donnant
forme à l’angoisse latente, avait un goût de
concession commerciale, Dark Water renouvelle profondément
le " Kaidan eiga " (film de fantômes
japonais) en intégrant dans sa construction de l’angoisse
le thème des névroses, plus propres au fantastique
occidental; les références discrètes
à The Changeling (La Maison du diable,
Peter Medak, 1974), par l’importance accordé aux objets
et au décor comme opérateurs d’angoisse, signent
ce renouvellement. La mise en scène, remarquable par
sa capacité à installer l’entre-deux fantastique
dans les espaces les plus banals (une école, un couloir
d’immeuble, une terrasse..), témoigne d’une maîtrise
de la composition proche de la perfection. Comme de juste,
le final, inattendu, ouvre sur une séquelle possible.
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