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Inugami
de Masato Harada, Japon, 2001
La famille Bonomyia est considérée avec crainte
par la communauté villageoise d’Omine. On accuse en
effet les femmes d’être des sorcières, gardienne
des " inugamis ", démon de la discorde.
Miki (Yuki Amami), la fille aînée vit dans son
art, la papeterie artisanale, que la nature puissante de la
forêt d’Omine lui permet de pratiquer . Jusqu’au jour
ou une idylle naît entre elle et le nouvel instituteur
du village (Kazuhiro Yamaji), ramenant à la surface
les secrets les plus terribles des Bonomyias.
Masato Harada, réalistateur toujours méconnu
en France malgré une filmographie déjà
riche de 7 films, réalise avec Inugami son premier
film fantastique. Cinéaste aux ambitions sociales (Kamikaze
Taxi (1997) son film le plus célèbre, décrit
ainsi la situation des coréens au Japon, traités
en " invisibles " par une société
raciste), Harada parvient cependant ici à dépasser
le pittoresque et le symbolisme de son scénario par
une approche réaliste renouant avec l’humanisme hollywoodien
classique. Empreint de réminiscences fordiennes (7
Women, manifestement), Inugami maintient non seulement
l’équilibre fragile entre mythique et intime, mais
a le courage artistique d’y préférer l’élément
humain. A cet égard, le personnage de Miki est, dans
son irréductible humanité, l’une des plus émouvantes
héroïnes tragiques vues depuis longtemps.
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Ichi
The Killer de Takashi Miike, 2001
Akihara (Tadanobu Asano), tueur masochiste, traque le mystérieux
Ichi, le tueur " 100 % sadique ". Ichi
est en réalité un pauvre garçon, manipulé
par un mystérieux vieil homme (Shynia Tsukamoto), plein
de rancœur pour le clan de Akihara. Ichi n’a en fait qu’un
souci : tenter de lutter contre ses pulsions.
Au delà du culte voué à Miike, Ichi
The Killer est effectivement un film fascinant, dans sa
volonté d’offrir du " jamais-vu "
à son spectateur. Mais la réussite majeure de
Ichi, au-delà de sa générosité
graphique, tient dans l’attention portée à l’avènement
du désir chez ses personnages. Il y a comme une amoralité
lucide dans la vitalité orgasmique qu’Ichi déploie
dans le " gore " : spectateur, réalisateur
et personnages communient alors dans le fantasme des pulsions
assumées.
AUTRES FILMS ASIATIQUES
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Film aux influences
hétéroclites (le Repo Man d’Alex Cox,
les premiers Jim Jarmusch, Tetsuo 1 et 2 de
Shynia Tsukamoto), Electric Dragon 80.000V de Sogo
Ishii (Japon) s’inscrit dans une esthétique " lo-fi "
au symbolisme séduisant et délicat; le
combat de Dragon Eye Morrison (Tadanobu Asano) contre Electric
Buddha (Masatochi Nagase) dans un Tokyo souterrain , ou quand
pop culture et traditions s’affrontent dans l’indifférence
générale.
Real Fiction de Ki-Duk Kim, réalisateur de l’Île
(Corée) : après une traversée des
apparences qui en passe par le théâtre (il rejoue
ses traumas devant un acteur), un jeune peintre de rue, (Jin-Mo
Joo) assassine en une après-midi ceux qui l’on fait
souffrir (une cliente mécontente, son ex-femme, les
voyous du quartier, son instructeur de l’armée). En
donnant à voir le quotidien banal de ces victimes juste
avant leur meurtre, et en se refusant à toute dramatisation
au profit d’une atmosphère reposée, Real
Fiction réduit le monde à la trajectoire
de son personnage impassible (burlesque ?). Real Fiction
est un film étonnant par son sujet et sa croyance absolue
en la capacité artistique du réalisme.
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