RETOUR DES MYTHES
Fantomes...
Outre Dark Water, le deuxième évènement
de ce sous-genre difficile était le décevant El
Espinoza Del Diablo (Guillermo Del Toro, Esp., 2001). Les
intentions louables du scénario d’accumuler les symboles,
et le contexte intrigant du film (une pension d’orphelins durant
la guerre d’Espagne) sont largement sous-exploités, au
profit d’un remake " gore " des Disparus
de St Agil. A l’exception de quelques idées innovantes
(l’apparence du fantôme notamment), le film est trop académique
pour renouveler ce sous-genre délicat.
Loup garou...
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Le mythe du loup garou
au cinéma compte quelques rares chefs d’œuvres (Hurlements
de Joe Dante, La nuit du Loup Garou de Terence Fisher)
et énormément de navets (la série des
Waldemar Daninsky de Paul Naschy, pour n’en citer qu’un).
Ceci peut être car il n’a pas la richesse littéraire
et symbolique du mythe vampirique.
L’amateur se réjouit donc de voir deux films s’y
attacher cette année : Dog Soldiers de
Neil Marshall (G.B.) et Wolf Girl de Thom Anderson
(E.U.)
Dog Soldiers place une petite unité de l’armée
britannique dans une forêt écossaise, puis
les cloître dans une maison de campagne assaillie
par des loups-garous. Le spectateur obtient ce qu’il désire,
à savoir fusillades, vannes foireuses, gore, biceps,
et flatterie de sa connaissance du genre, ni plus, ni moins.
Dog Soldiers a cette année obtenu le Grand
Prix, et le Prix du Public; cette décision a un arrière-goût
de consensus mou.
Dans Wolf Girl, un cirque de " freaks "
s’installe dans une petite ville du New Jersey. L’attraction
principale en est " Tara la Fille-Louve "
(Victoria Sanchez), une adolescente dont la pilosité
abondante a des causes médicales. La jeune fille
subit alors les vexations d’une bande d’adolescents ;
un jeune homme timide et amoureux (Dov Tienfenbach) lui
propose de la guérir grâce à une drogue
expérimentale : mais plus les poils disparaissent,
plus l’animalité de Tara se réveille. Tara
cependant se tait, et poursuit les injections…
En dépit du caractère convenu de l’intrigue
faustienne, Wolf Girl est un petit miracle. Tous
les personnages, du plus tordu aux plus stupide, ont une
tare qui est la garante de leur humanité, mais aussi
une source de souffrance, qu’il s’agit de confier à
l’autre : mais sur quel mode, sous quel forme dire
cette souffrance ? Le film apporte des réponses
diverses : par l’art (les nombreuses chansons), par
des mots ou des rêves. C’est en refusant de se confier
que Tara régresse dans l’animalité. Le respect
avec lequel Thom Anderson laisse advenir les décisions
et les souvenirs de ses personnages pour les offrir à
son spectateur, c’est ça que réside le miracle
de ce petit film.
Et vampires
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Un seul film pour
ce mythe à l’agonie : Zora la Vampira.de
Antonio et Marco Manetti (Italie) Un Dracula malade (Tony
Bertelli) décide d’émigrer en Italie, attiré
par les beautés décrites par les télévisions
berlusconniennes. Mais le cours du rouble a baissé,
et c’est dans la grande banlieue de Naple qu’il trouve refuge.
Là, il retrouvera son aimée, Zora, réincarnée
en une taggeuse hip-hop ; deux rappeurs s’improvisent
alors chasseurs, et le traquent.
Zora La Vampira est médiocre (le film est
très laid), mais a le grand mérite de renouveler
la figure vampirique ; cette icône aristocratique,
par sa nature surhumaine, appartient - et se revendique
- cependant au camp des réfractaires : rappeurs,
militants, taggeurs. Dracula en révolutionnaire ?
Pourquoi pas après tout, d’autant que ce prince des
ténèbres rachitique, entre Nosferatu et " the
Mack ", est traité avec le respect dû
aux aînés par les réalisateurs.