Aussi loin
que mes pas me portent de Hardy Martins (Allemagne, 2001)
Voici un film qui pose problème :
est-il permis de s’apitoyer sur le calvaire d’un officier
de la Wehrmacht échappé de Sibérie en
1949, et sillonnant l’Europe orientale pendant trois ans avant
de rejoindre l’Allemagne ? Devant un tel film, on peut légitimement
s’interroger sur son propos : que cherche-t-il à
montrer ? Que les officiers allemands aussi ont souffert ?
Voire introduire une comparaison avec… ?
Alors bien sûr, la
nature est magnifiquement filmée, les séquences
en Sibérie sont poignantes, même angoissantes
lorsque l’homme perdu dans un désert de neige retrouve
ses propre pas ; Bernard Bettermann, sorte de sosie de
Ed Harris, est un excellent comédien, particulièrement
dans la dernière partie du film, où notre évadé
devient clochard, égaré au Tadjikistan. On regretterait
presque de ne pas l’avoir interviewé sur sa préparation
physique, ses séances d’entraînement… Mais assez
de cynisme, dont le film ne manque pas, notamment dans la
réduction des peuples que rencontre notre Forell-Tintin,
à des vignettes touristiques.
Comment justifier les séquences
situées en Allemagne, présentées comme
idylliques ?
COURT METRAGES
Etant donné le grand
nombre de films projetés (53 films en 5 jours), il
ne me fut possible de voir qu’une seule séance de court
métrages, ne me permettant pas de voir Le Grand Prix,
Boomer de Karim Adda (une comédie sur les adeptes
du " tuning ").
Deux films, Squash
(qui reçut le Prix spécial du Jury Court) et
Comme ça j’entend la mer se détachaient
du lot par la rigueur de leur mise en scène, au service
d’un sujet.
Comme ça j’entend
la mer de Hélène Milano décrit les
derniers moments d’enfance d’une jeune manouche, avant la
nuit de noces de son mariage arrangé. Evitant les écueils
du naturalisme par une attention poétique portée
aux décors (le bord de mer, une fête improvisée
sous une tente, un appartement sordide), le film de Hélène
Milano ne s’arrête pas au constat sociologique, mais
donne à penser l’effroyable sortie de l’enfance de
Maria comme une sorte de conspiration féminine. Le
choix d’un point de vue " enfantin " permet
un travail réussi sur les atmosphères.
Squash de Lionel
Bailliu prend place dans une salle de squash, arène
moderne ou un cadre affronte le sadisme tyrannique de son
patron. Intéressant pour son parti-pris (un huis-clos,
et la scénographie particulière du jeu), le
film est remarquable pour la maîtrise de son découpage
et des effets spéciaux invisibles. Cependant, malgré
une certaine puissance dans la gestion de la tension, le film
s’achève par une pirouette facile sur le thème
du " tel est pris qui croyait prendre ",
réduisant le film à son formalisme.
|