Famille
Indienne (Khabi Khushi Khabie Gham) de Karan Johar (Inde,
2002)
Comment ce blockbuster indien,
réunissant les acteurs les plus célèbres
de Bollywood (" an all-star-casting ",
dixit M.Yash Johar, producteur et père du réalisateur)
a pu atterrir à Valenciennes, c’est un mystère.
Mais la présence du producteur, venu de toute évidence
tâter la réceptivité du public français
aux comédies musicales hindis, et le succès
remporté par le film (Prix du Public, Prix d’Interprétation
Féminine, Prix du Jury Jeune) laisse bon espoir de
voir un jour le film sur les écrans français.
Famille Indienne
traite d’un amour inter-castes. D’une durée de 3h20,
le film se découpe en deux périodes : un
très long flash-back d’1h30, raconté au jeune
fils de la famille, narre les péripéties amoureuses
et familiales menant à la répudiation du fils
Rahul par son père ; puis la deuxième partie,
sise à Londres, où Rahul et sa famille a émigré,
décrit les efforts de son jeune frère, devenu
adulte, pour réconcilier père et fils.
Les spectateurs ayant déjà
eu l’opportunité de voir des productions Bollywoodiennes
ne seront surpris ni par la longueur du film, ni par le grand
nombres de chansons et de chorégraphies.
Ici, la richesse thématique
du film, qui aborde les relations entre castes, la question
de l’immigration et de l’occidentalisation du monde hindou
(au travers du jeune frère, Rohan).
Mais le film est avant tout
spectacle, étonnement, décrivant un monde idéal
et utopique : ainsi la déclaration d’amour entre les
deux amants prend place…au pied de la grande Pyramide, image
surprenante de l’éternité de leur amour.
Film-fleuve, KKKG
(ainsi qu’il est désigné dans les charts indiens)
recèle des finesses inattendues pour un projet d’une
telle ampleur ; l’image la plus forte du film, celle
qui reste, montre un père en larmes demandant pardon
à ses enfants. Le pardon d’être père…
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Dreams of
a Warrior de Juny Park (Corée 2001)
Co-production coréo-hongkongaise
(d’où la présence de la star Leon Lai-vu dans
Les Anges Déchus en France), Dreams of a
Warrior est une adaptation pirate du jeu vidéo
Final Fantasy. En effet, l’univers parallèle
où se retrouve le jeune policier Sung Jin à
la recherche de son aimée est un décalque du
monde rétro-futuriste du jeu, armes et coiffures comprises
(les amateurs apprécieront). Mais les efforts du réalisateur
pour simuler les mouvements de caméra aériens
des cinématiques du jeu tourne au pathétique.
Ce qui est d’autant plus regrettable que la première
séquence du film (une fusillade sous la pluie entre
le policier et une mystérieuse dame en noir, dans un
port) est excellente, installant une atmosphère trouble
et violente.
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Des Chiens
dans la Neige de Michel Welterlin (France 2000)
Un film noir " hardboiled "
où les mafieux s’expriment avec l’accent québécois…
Une jeune femme, Lucie,
tue accidentellement son mari. Elle découvre qu’il
entretenait des liens troubles avec la mafia, sa maison d’édition
étant une couverture servant à blanchir de l’argent
( !) ; deux mafieux, Ruben le désabusé
et Marco le catholique, tombent sous le charme de Lucie, qui
prend goût au meurtre et aux mensonges
Des Chiens dans la Neige
retravaille le mythe de la femme fatale, en conviant le
spectateur à assister à sa genèse ;
le film surprend par son rythme lent, et par le soin accordé
à la composition de l’image, d’une élégance
glaciale.
Précisons que c’est
dans la familiarité entretenue avec les codes du genre
" noir " que le spectateur pourra prendre
son plaisir devant ce film. Abordé ainsi, Des Chiens
dans la Neige passe, déroule avec mélancolie
des archétypes désuets, sur le modèle
d’un morceau de jazz.
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