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Le 3e Oeil (c) D.R.
Le 3e Œil de Christophe Fraipont (Belgique 2001)

Dernière exemple d’un naturalisme consensuel, le 3e Œil décrit la cavale au Luxembourg d’un jeune évadé à la recherche du père qui l’a abandonné, secondé par une jeune fille arabe détentrice de pouvoirs de divination.

Les clichés se succèdent, avec un imperturbable sérieux; mais le film, tout entier dans un point de vue distancié et moralisateur (est-ce que ça tache la misère ?), n’a même pas le courage de dire que le père est un salaud. Quelques références aux Amants de la nuit  de Nicholas Ray (l’imperturbable croyance du jeune homme en la loi, malgré sa situation) apporte un peu d’absurde dans cet univers où " c’est la faute à personne ". Quant à l’argument fantastique du " 3e œil " (le don de divination de la jeune femme), il n’intervient que dans les dernières séquences, sans justification.


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Quiet Zone (c) D.R.

Quiet Zone de Krzystof Lang (Pologne 2000)

Ce huis clos tourné en DV décrit le calvaire d’une jeune femme, Iza (Edyta Olsowka) prise en otage dans une forêt par une bande de malfrats " féroces " (c’est le nom du chef de bande) afin de leur servir de jouet sexuel ; après avoir été violée par le chef, Iza tente de passer la nuit en montant les gangsters l’un contre l’autre.

Cet argument de thriller, Quiet Zone (du nom du camp de vacance abandonné où se réfugient les malfrats, et quasi unique décor du film) l’oriente vers l’horreur, avec des réminiscences de Evil Dead de Sam Raimi, et du Massacre à la Tronçonneuse de Hooper.

Le tournage en DV sert ici une vraie idée esthétique : Lang élabore une image ténébreuse et tellurique (la sensation d’enfermement et de solitude absolue que l’on peut éprouver dans une forêt dans la nuit, nourrit le film d’un fort sentiment claustrophobique), dans une grande promiscuité avec ses personnages.

Se refusant à toute distance morale portée sur ses personnages mais donnant à voir l’extrémisme de leurs actes (Iza doit tuer pour survivre), Quiet Zone est un film troublant et ambigu ; ainsi le personnage de Féroce, le violeur, apparaît comme un être aux pulsions suicidaires, et prisonnier de la violence de son milieu. La scène pivot du film confronte dans un resto autoroutier, Féroce et le mari d’Iza, un jeune homme cultivé et sensible, dans la méconnaissance mutuelle de qui est l’autre : paroles banales échangées, suggestion d’une rencontre possible : Iza , absente, apparaît comme le lien possible entre ces deux hommes, le gangster du peuple et l’intellectuel.


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Mon frère le vampire (c) D.R.

Mon Frère le Vampire de Sven Taddicken (Allemagne, 2001)

Grand vainqueur de ce palmarès 2002, Mon Frère le Vampire est un premier long métrage sur l’adolescence, prenant comme point de départ le désir de dépucelage d’une jeune fille de 14 ans et celui de son frère Josh, un trentenaire débile léger, qui tient absolument à partager ce moment unique avec la petite amie de son frère aîné. Alors que le frère aîné tente de détourner son frère de sa petite amie en lui apprenant la masturbation, puis en l’emmenant voir une prostituée, sa jeune sœur, passionnée par les théories eugénistes, prépare son dépucelage comme un dispositif pseudo scientifique, filmant toutes les étapes du processus d’approche de son " cobaye ". Toutes ces tentatives se solderont bien sûr par des échecs, alors que la solution est d'évidence l’inceste.

Au cœur du film : la réduction du désir à une mécanique sexuelle ; un sujet grave, voire crucial en ce qui concerne la sexualité des handicapés, que le réalisateur a choisi d’aborder sous l’angle de la comédie adolescente.

Selon un schéma désormais connu, tout est inversé : le frère " normal " est minoritaire dans une réalité dominée par l’altérité (du fou, de l’adolescente…) ; dès lors, les rites sexuels " socialement acceptables " (masturbation, visite à la prostituée) apparaissent dans toute leur laideur. A défaut d’être original, ce renversement des valeurs permet au film d’éviter l’écueil du scabreux dans ses nombreuses scènes " risquées ".

Cependant la juxtaposition de procédés narratifs hétérogènes (voix off, images DV-35, split screen), trop souvent redondants dans leur souci de visualiser le décalage du point de vue de l’autre, et une imagerie du factice qui prend comme référence la fascination pour la monomanie et le pittoresque d’Amélie Poulain ou Délicatessen, encombrent ce film faussement moderniste.