Annuaire boutique
Librairie Lis-Voir
PriceMinister
Amazon
Fnac

     



 

 

 

 

 
HAMMER

The Vampire Lovers (c) D.R.

La rétrospective Hammer constitua peut-être le véritable événement de cette 13e édition, puisqu’elle s ‘accompagnait de la venue de quelques grands noms du cinéma fantastique anglais : le scénariste Jimmy Sangster, Freddy Francis qu’on ne présente plus, Ray Harryhausen, et les actrices Caroline Munro, Ingrid Pitt, et Valerie Leon.

N’ayant pu assister aux projections que ces mythiques invités présentaient, je ne saurais dire quel accueil ils reçurent face à leur (très jeune) public ; mais les cinq jours du festival ne leur auraient sans doute pas suffi pour évoquer la diversité de leur expériences.

" L’hommage à la Hammer " restreignit sa programmation à la période gothique, en montrant des films déjà programmés au Centre Pompidou l’an dernier, dans le cadre du panorama du cinéma anglais.

Furent donc présentés les classiques de la firme défunte (Le Cauchemar de Dracula, La Nuit du Loup Garou, et les deux films intermédiaires de la série consacré à Frankenstein, La Revanche de Frankenstein et le Retour de Frankenstein) , mais également des films mineurs (réalisés tous deux par Roy Ward Baker) , plus représentatifs de l’évolution des " ingrédients " de la firme que les chefs d’œuvre de Fisher.

  Scars of Dracula (c) D.R.

Scars of Dracula (1970) se distingue ainsi par sa violence outrancière, parfois sadique, et le retour du personnage du Prince des Ténèbres à une plus grande bestialité, après l’érotisation introduite par Terence Fisher.

The Vampire Lovers (1970), est une curiosité : adapté de la " Carmilla " de Sheridan le Fanu, le film se concentre sur la relation lesbienne qui s’installe entre une femme-vampire et ses jeunes victimes. Tout cela reste bien prude, la caméra préférant s’attarder sur de bien ennuyeuses séquences de bain, et autres frous frous dénudés. A deux reprises cependant, un personnage masculin est mis en danger, et l’ambivalence de la femme-vampire, à la fois séductrice et castratrice, transparaît notamment dans une séquence d’ouverture inoubliable.

La présentation quasi exhaustive des films gothiques de Terence Fisher rappela l’évidente supériorité de cet artiste de la mélancolie sur les artisans honnêtes que furent Roy Ward Baker, Freddie Francis ou John Gilling.

Revoir La Gorgone convoqua aussitôt un autre grand nom du fantastique, Jacques Tourneur : avec ce beau personnage de femme (interprétée par la plus belle actrice du fantastique anglais, Barbara Shelley) devenant la mythique gorgone lorsque la nuit vient, la femme aimée stupéfie ; l’unique moyen de l’affronter est alors de médiatiser son image, grâce à un miroir, ou plus évocateur encore, en regardant son reflet trouble et intermittent dans le bac d’une fontaine.


LONG METRAGES VUS A VALENCIENNES


Taking sides (c) D.R.

Taking Sides de Iszvan Szabò
(Allemagne, France, Hongrie 2001, sortie le 17 avril 2002)

Le " cas Furtwangler " (l’historique) pose la question de la responsabilité de l’artiste face à la dictature ; Furtwangler, chef d’orcheste célèbre ayant choisi de rester en Allemagne nazie, en constitue peut-être l’exemple idéal.

Ce noble sujet est donc le prétexte à un procès en huis clos, où un officier américain rugueux cherche à prouver la culpabilité morale du musicien.

Malgré une mise en scène inégale, entre théâtre filmé et séquences cherchant la majesté, parfaitement ridicules (Furtwangler, restant nu tête, le regard fiévreux, sous la pluie dans un concert en plein air, tandis que tous ouvrent leur parapluie…), le film de Szabò, déjà chroniqueur de l’époque nazie dans Mephisto, parvient à étonner, et même à interroger son statut de " film à thèse " moralisateur : certes, le discours scénaristique accuse Furtwangler et légitime la rigueur morale de l’officier américain (Harvey Keitel en sosie balourd de Clark Gable) . Mais la légitimité du film comme " œuvre " s’effondre alors, puisque l’œuvre d’art ne pèse rien dans les affaires de ce monde (selon le film bien entendu).

" S'il ne reste que le matériel, il ne reste que de la fange " dit Furtwangler-Skarksgard au cours de son interrogatoire : dans quelques rares moments, le film parvient à toucher au réel, en décrivant le conformisme matérialiste de l’américain et sa frustration sexuelle, ou en intégrant des images hétérogènes à son esthétique léchée : vues des camps de concentration, et propagande américaine, paranoïaque et inquiétante.