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Festival International du film d'animation d'Annecy (c) D.R. FESTIVAL DU FILM D’ANIMATION
Annecy 2002
Par Sylvain MILLIOT


L’édition 2002 du festival international du film d’animation d’Annecy, réunion mondiale annuelle du cinéma d’animation, s’est achevée samedi 8 juin.

Le festival est chaque année le lieu d’une prise de pouls d’un cinéma vraiment différent de celui en " prise de vues réelles ", comme aiment l’appeler les animateurs, cinéma qui fait varier les techniques, les écritures, et propose des conceptions de l’image quelques fois étonnantes et/ou renouvelantes. Le millésime 2002 est bon, même si au palmarès il y eut quelques oublis de taille, voire des bizarreries.



  Barcode (c) D.R.

Dans l’ensemble on remarqua cette année un retour en force dans la compétition des courts, du film expérimental et abstrait. Le grand prix du festival fut attribué - et c’est un signe - à Barcode, film du hollandais Adriaan Lokman, composition en 3D ayant pour matière une figure unique répétée (un tube gris) qui distribuée en variations de formes, produit un jeu sophistiqué d’ombres et de lumières. Malgré ses qualités techniques indéniables, son aspect rigoriste, ses mouvements léchés de caméra virtuelle, le film ne cesse jamais de nous apparaître comme un vain clip vidéo technoïde n’ayant que sa maîtrise stérile à défendre. Par son univers de symétries, son allégeance au numérique glacé, sa jouissance puérile des boucles, de la répétition minérale, ce grand prix est énervant. Que le jury ait choisi de récompenser une façon de faire du cinéma propre à l’animation, issue de la tradition des " abstract films " proche de l’époque des Norman MacLaren et Lejf Marcusen, c’est tout à son honneur : cela permet de rompre avec la manie des historiettes vaguement édifiantes, vaguement poilantes, qui font encore le tout venant des courts métrages (qu’ils soient animés ou en prises réelles). Il y avait pourtant dans la compétition des films d’une autre tenue ; ainsi le passionnant Higgs, de l’allemande Monika Stellmach, pur travail graphique sur la pellicule, plongée fantasmée dans le monde subatomique où règne dans l’invisible, l’énergique boson de Higgs. Le grattage sur pellicule fit les grandes heures abstraites de l’animation ; ce type de technique fut pauvrement représentée cette année. La 3D constitue la technique d’une grande part des films actuels, mais les bonnes vieilles recettes de marionnettes, dessin, modelages continuent de servir nombre de propos d’auteurs.

La pixillation (technique de tournage image par image) eut les honneurs du festival avec deux programmes particulièrement intéressants, où l'on put découvrir le superbe film norvégien de Morten Skallerud, Un an le long de la route abandonnée, long travelling avant dans un paysage désertique que la pixillation permet de faire durer à travers les saisons et dans l’espace. Sans doute le meilleur exemple de fluidité de cette technique, malheureusement desservie musicalement par l’insupportable Jan Garbarek.

Docteur Jeckyll et Mr Hyde (c) D.R.
Dans le même programme, on put aussi revoir l’admirable Furniture Poetry, du toujours inventif Paul Busch, (qui revenait en compétition avec un remake en pixillation du film Dr Jeckyll et Mr Hyde, version Spencer Tracy versus Ingrid Bergman, et repartit malheureusement bredouille comme il y a deux ans), variation poétique sur la vie cachée des objets quotidiens (objets inanimés avez-vous donc une âme…). Dans ces deux films de Busch, la pixillation devient un souci formel, propre à traduire une interrogation sur la permanence du réel (Furniture Poetry) ou sur les identités multiples d’un individu (Dr Jeckyll et Mr Hyde).