LE FESTIVAL " 5
COURT TOUT COURT " DE CAEN
La volonté affichée
de ses organisateurs de promouvoir le court-métrage
en région (la Basse-Normandie, pour les ignares), l’accent
mis sur la confrontation des réalisateurs au public,
et la rigueur de la sélection (17 films sélectionnés
cette année, sur plus de 300 envois) sont les trois
as de ce festival, ouvert également aux films étudiants.
Ceci n’est pas une hagiographie, mais la qualité de
la sélection, et le peps de leurs représentants,
le " dynamic duo " Romuald Poretti et
Jean-Baptiste Pasquier, donne des envies d’être déjà
en avril, pour déguster les perles de Caen.
La " Carte Blanche "
donnée à " 5 Court Tout Court "
se composait de vidéos étudiantes en tout genre.
Animation, documentaire, thriller, et même un vrai film
fantastique, qui fait vraiment peur.
Un Coup de Pieds dans
la Vase, de Carl Persen et Paul Zira, nous propose ainsi
de découvrir le métier de pêcheurs de
coque. Pascal, dans ses mots à lui, pleins d’une douleur
bourrue et mâle, nous fait partager ses doutes, ses
convictions et ses " coups de gueule ".
Tel un Achab moderne - et à pied dans la vase - il
cherche la coque blanche, la meilleure… Entièrement
réalisé en Normandie, avec des bottes en caoutchouc.
Seul film d’animation présenté,
Saint Palade 1, nous refait le combat de Sinbad contre
le géant de fer du 7e voyage de Sinbad,
avec des bouchons de champagne, du fil de fer et une lampe
de bureau. Avec ses moyens dérisoires, Antonin Bouvret
atteint une qualité d’animation image par image d’une
finesse rare : audace dans la stylisation du mouvement,
et invention dans la gestuelle de son personnage. On en vient
à y croire, et frémir pour un chevalier de bouchons.
On parlait de film qui fait
peur : Off, de Julien Thévenot, revisite
le thème de la chasse au fantôme, avec semble-t-il
une colle de cinéphile en tête : et si,
dans Poltergeist, Tobe Hooper avait montré ce
que filmaient les caméras des parapsychpologues disséminées
dans la maison ? En utilisant le principe des multi-caméras
de surveillance, et grâce à un montage savant,
les auteurs de Off parviennent à offrir au spectateur
une petite leçon d’angoisse très réussie.
On regrettera que le son n'ait pas été autant
travaillé, il aurait pu accroître davantage la
qualité terrifiante du film.
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Le festival international
de vidéo Visionaria de Sienne, Italie, est la
révélation de ses " Cartes Blanches ".
Nous aurons l’occasion d’en reparler prochainement, avec un
entretien réalisé avec Duccio Balducchi, l’un
de ses fondateurs. Évoquons juste une série
de films d’animation, fragiles et morbides, regroupés
sous le titre Corti di Gaia (Les Courts de Gaia, 2000 ),
de Gaia Bracco. S’appropriant des formes banales, issues de
la japanimation ou du comics, la belle Gaia (elle ne peut
qu’être belle) donne à voir la violence, la cruauté,
et la bêtise de la recherche de la béatitude,
vantée par ces images puériles qu’elle investit,
avec une ironie féroce. D’une durée excédant
rarement la vingtaine de secondes, à peine animés
dans un n&b tremblotant, les Cortos di Gaia parviennent,
à force de dérisoire, à donner une forme
elliptique et sèche comme une gifle, à la sincérité
de sa réalisatrice.
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