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Festival de Cannes (c) D.R. POINT DE VUE
SUR LE PALMARES

Cannes 2002
Par Henri LANOE
de l’équipe de Cinélycée.com


A l’issue du Festival, cinq films me paraissaient dignes d’intérêt :

L’ora Di Religione, de Marco Bellocchio, pour la hardiesse du scénario, la perfection de la réalisation et la performance de Sergio Castellito.

L’homme sans passé, de Aki Kaurismäki, jolie fable sur la solitude et la solidarité, transcendant le mélo grâce à l’humour caustique qui soutient le récit.

Intervention divine, du Palestinien Elia Suleiman, tragi-comédie évitant les pièges du film militant en proposant un film quasi muet inspiré par Etaix et Tati.

Russian Ark, d’Alexandre Sokourov, magistrale leçon de mise en scène (évidemment méprisée par la critique) nous faisant visiter le Musée de l’Hermitage en un plan-séquence unique de 90’, tourné sans trucages.

Enfin, Bowling For Columbine, de Michael Moore, courageux documentaire sur la vente des armes aux U.S.A. qui devrait rendre honteux nos " journalistes " de télévision s’ils le voyaient.

  Le Pianiste (c) D.R.

Je trouve le Palmarès du Jury présidé par David Lynch assez proche de mes choix, à l’exception de la Palme d’Or qui, j’espère, récompense plus l’ensemble de l’œuvre de Polanski que ce monument académique qu’est Le Pianiste. Je trouve irritante la rengaine sur le devoir de mémoire lorsqu’on se trouve devant une grosse production dont l’ambition est d’engranger quelques millions de dollars de bénéfices en transformant en spectacle les massacres de la dernière guerre. Le film est tiré de l’autobiographie de Wladyslaw Szpilman, pianiste polonais, qui échappe à la déportation et, de planques en planques, va regarder de ses fenêtres les combats sans espoir que mènent les Juifs du ghetto contre la Wehrmacht, sans envisager une seconde de les rejoindre, ce qui en fait un personnage mou et assez antipathique. Bien entendu, tout le ghetto polonais parle américain, à l’exception des brutes nazies qui aboient en allemand entre deux exécutions. Décidément; les codes du cinéma mondialisé sont bien difficiles à décrypter. Pour échapper au manichéisme ambiant, Polanski nous dépeint les exactions des flics juifs matraquant leurs compagnons d’infortune et sauve son pianiste, comme dans le livre, grâce à l’humanité d’un " bon " allemand mélomane, ce qui facilitera peut-être l’exploitation du film en Allemagne. Voir Le Pianiste ainsi récompensé est pour moi la plus grande surprise de ce Festival.

Sur mes cinq films, trois figurent au Palmarès où je regrette surtout l’absence du superbe film de Bellocchio (peut-être jugé trop anticlérical ?) dont la mise en scène me paraît autrement autrement inventive que celles du farfelu Punch Drunk Love ou de la pesante biographie du coréen Chihwaseon.

Olivier Gourmet meilleur acteur ? Pourquoi pas. On peut seulement regretter que les Dardenne aggravent leur monomanie qui consiste à filmer essentiellement les acteurs de dos, se déplaçant dans d’interminables décors, ce qui n’est guère gratifiant pour les comédiens.