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Le Cinéma visionnaire - L'Avant-garde américaine 1943 - 2000 (c)  D.R. CINEMA VISIONNAIRE
Panorama du cinéma
expérimental américain, 1943-2000
27 au 30 juin et du 4 au 7 juillet 2002

Paris - Forum des Images
 


A l’occasion de la sortie de l’édition française du livre : "Le Cinéma visionnaire : l’avant-garde américaine (1943-2000)" par P. Adams Sitney, aux éditions Paris Expérimental, le Forum des images propose un cycle de films avec la participation exceptionnelle de l'auteur les jeudi 27 à 19h30 et samedi 29 juin à 17h00 (Table ronde).

PRESENTATION DU PROGRAMME

"Des fragments de paradis sur terre", c’est en ces termes que Jonas Mekas qualifie les films qui sont programmés dans ce cycle. Classiques du cinéma d’avant-garde, ces œuvres n’en sont pas moins rares et chacune de leur projection est une fête pour l’esprit.

La programmation a été conçue par P. Adams Sitney, témoin privilégié, observateur scrupuleux et théoricien d’excellence de ce cinéma, pour couronner la sortie en français de son livre "Le Cinéma visionnaire : l’avant-garde américaine (1943-2000)". Les aléas de la programmation, qui ne prétend pas à l’exhaustivité (il faudrait plusieurs dizaines de programmes pour cela), font que certains cinéastes majeurs (Bruce Conner, Hollis Frampton, Len Lye, Andrew Noren, Warren Sonbert, Andy Warhol ou James Whitney, pour n’en citer que quelques-uns) n’y sont pas représentés alors même que leur œuvre fait l’objet, comme celles des cinéastes programmés, d’une analyse minutieuse dans le livre de P. Adams Sitney.

"Le Cinéma visionnaire" lève le voile non seulement sur l’un des plus extraordinaires mouvements de l’histoire de l’art aux États-Unis mais également sur un pan entier du cinéma – le cinéma d’avant-garde et expérimental – dont on commence aujourd’hui à entrevoir les prodigieux accomplissements, aux quatre coins du monde. Il est à parier que, dans les siècles futurs, ce sont ces films que les historiens retiendront parmi les œuvres majeures de leur temps, celles qui expriment le mieux, avec le plus d’intensité et de ferveur, le pouvoir de l’imagination.

Pour faire l’analyse critique de ces films, P. Adams Sitney a suivi un fil conducteur, celui du romantisme tel qu’il a été défini par Harold Bloom, s’attachant à en repérer l’héritage dans les multiples formes qu’il a empruntées selon les époques, les cinéastes et les genres. Du film de transe (Maya Deren, Sidney Peterson, James Broughton, Kenneth Anger) – "quête érotique […] d’un rêveur ou d’un personnage fou ou visionnaire" – à la satire ménipéenne – genre favori des "postmodernes" (Yvonne Rainer, James Benning, Su Friedrich, Abigail Child) dans lequel les idées sont soumises à la dérision et à la parodie dans une accumulation de styles et de perspectives, c’est toute une terminologie que l’auteur a dû inventer pour retracer l’histoire de ce demi-siècle de films : cinéma lyrique, graphique, mythopoétique, structurel, d’intervention, etc. Ne nous y trompons pas, ces classifications n’entraînent aucun réductionnisme, un cinéaste pouvant passer d’une définition à l’autre, mais permettent à l’inverse de donner une vue d’ensemble de la production américaine à la fois en analysant les positions théoriques des cinéastes et en les rattachant à celles des autres courants artistiques (poètes post-romantiques, peinture expressionniste abstraite, etc.).

P. Adams Sitney montre aussi comment "les cinéastes américains ont réinterprété les réalisations des cinéastes d’avant-garde européens des années vingt" (Un chien andalou de Dalí et Buñuel comme Le Sang d’un poète de Cocteau ou Anémic cinéma de Duchamp, entre autres) établissant ainsi une généalogie des formes qui dépasse le cadre strictement chronologique et géographique du sujet abordé. Les filiations sont aussi étudiées au sein même du cinéma d’avant-garde américain, l’œuvre de Ron Rice renvoyant à celle de Sidney Peterson ou bien celles de Su Friedrich, Leslie Thornton et Abigail Child trouvant en Yvonne Rainer leur mentor. Mais surtout "Le Cinéma visionnaire" éclaire chaque œuvre dans sa singularité et son irréductibilité : la dimension onirique de Maya Deren ou Su Friedrich ; la dérision caustique de Sidney Peterson ; la comédie nostalgique de James Broughton ; l’érotisme sulfureux de Kenneth Anger, de Jack Smith ou Ron Rice et celui plus froid et cérébral de Gregory Markopoulos ; la flamboyance de Stan Brakhage, Paul Sharits ou Nathaniel Dorsky ; l’ésotérisme de Harry Smith ; l’extase optique de Michael Snow ou Ernie Gehr, la perfection de Peter Kubelka ou Robert Beavers ; l’autobiographie de Jonas Mekas, Peter Hutton ou Yvonne Rainer ; l’humour de Robert Breer ou George Landow ou bien encore le désespoir apocalyptique de Christopher McLaine et la parodie politique d’Abigail Child.

Jalons essentiels de l’histoire du cinéma, ces films fascinants donnent la mesure de l’extraordinaire renouvellement des formes et des questionnements à l’œuvre au sein du mouvement d’avant-garde américain. À l’aube du XXIe siècle, le rituel du cinéma y est restitué dans toute sa splendeur et dans toute sa force, dont il faut conserver non seulement la trace mais surtout l’expérience.

Christian Lebrat (Commissaire de la rétrospective )