--- 18h30 ---
Serge Vincent et Gales Montcomble,
leurs organisateurs depuis les origines, m’expliquent les
particularités des projections organisées chez
l’habitant. L’après-midi touche à sa fin ;
et le temps de l’apéritif, ils me retracent l’historique
d’Ardèche Images, et de ces mystérieuses séances
en huis clos.
" Le nombre de spectateurs est variable, mais
cela tourne autour d’une quinzaine de personnes : la
famille, les amis, les gens du village…Mais c’est différent
à chaque fois. Ce soir, il y aura du monde, une quarantaine
de personnes. On maintient une mixité : on propose
les projections aussi bien chez des familles ardéchoises
depuis la nuit des temps, et aussi chez des familles fraîchement
arrivées, comme celle de ce soir. Ils habitent Lussas
depuis un an environ.
Pour la programmation des séances, on choisit trois
à cinq films que l’on devine être susceptibles
d’intéresser la famille qui nous invite, en se basant
sur des critères assez subjectifs. Le film choisi,
on propose au réalisateur de venir présenter
son film, et se confronter à ce public. Les projections
chez l’habitant se pratiquent depuis toujours, au moins depuis
la création d’Ardèche Images en 1976. Il y a
d’ailleurs une longue histoire de la projection itinérante
dans la région. On a commencé à projeter
en 16 mm, mais c’est devenu difficile aujourd’hui car il y
a de moins en moins de copies 16 mm, susceptibles d’être
distribuées et diffusées. Donc nous sommes d’abord
passés à la VHS : on montrait le film sur
le téléviseur familial, dans le salon. Cela
permettait aux gens de voir autre chose que ce qu’ils ont
l’habitude. Maintenant, on projette avec un vidéo-projecteur,
sur écran.
Au début, des Etats Généraux, il y avait
de réelles actions de communications locales, avec
des affiches, des annonces dans les journaux locaux. Mais
depuis trois ou quatre ans, tout cela a été
totalement abandonné : les Etats Généraux
sont devenus une sorte d’université d’été
autour du documentaire, et la communication se fait à
un autre niveau. Mais il y a un revers de la médaille :
on trouve peu de lussassois dans les projections. Il y a toutes
sortes de préjugés autour du festival, et, au
sein de la commune, une opposition tenace, qui a repris du
poil de la bête depuis les dernières élections. "
J’avais demandé la possibilité d’assister
à l’une de ses projections sans trop y croire, connaissant
leur caractère intime. Mais ce soir, c’est différent.
" Habituellement, les projections ont lieu en
huis clos. C’est le principe même des projections chez
l’habitant : c’est presque un festival " off ",
qui a lieu chaque soir des Etats Généraux durant
toute la semaine. Mais la famille est d’accord, donc tu peux
nous accompagner. "
Je les quitte à l’heure du repas. Rendez-vous est
pris au bureau des invités, où attendra aussi
la réalisatrice. J’ai le court regret de ne pas avoir
emporté d’appareil photo, un support de captation quelconque,
car il ne reste pas de traces " matériels "
de ces projections. Je m’en remets à ma mémoire,
et à mon petit carnet de croquis.
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