En soufflant cette année leurs
huit bougies, les Rencontres internationales de cinéma
à Paris restent fidèles à leur ambition
d'origine, celle de faire découvrir - hors des circuits
commerciaux et des contraintes économiques - des uvres
indispensables dans un monde en pleine turbulence.
Le cinéma interroge ce monde, nous
en livre des représentations renouvelées et
les Rencontres nous apparaissent, année après
année, de plus en plus essentielles. Il s'agit de se
mettre à l'écoute du monde, d'en rapporter les
nouvelles les plus fraîches, dans le souci jamais sacrifié
de satisfaire le plaisir du spectateur.
Pour cette nouvelle édition, nous continuerons donc
à défricher de nouveaux territoires cinématographiques
(du point de vue géographique aussi bien que formel),
à découvrir des cinéastes, à revoir
des uvres d'un il neuf, en compagnie d'invités
que nous sommes heureux d'accueillir toujours plus nombreux
et venant d'horizons divers : réalisateurs, producteurs,
écrivains...
Cette année, nous avons le plaisir
de rendre hommage à une comédienne française
rayonnante dont nous tenons à saluer l'immense talent,
Sabine Azéma, ainsi qu'à Tim Roth, remarquable
et singulier acteur britannique et audacieux jeune réalisateur.
Un coup de projecteur lèvera le voile sur le travail
de deux réalisateurs inclassables : Jonathan Nossiter,
dont les films témoignent de la vitalité du
cinéma indépendant américain, et Roberta
Torre, réalisatrice italienne méconnue en France
qui apporte un regard original
à l'heure où
l'on dit le cinéma italien sinistré (c'est aussi
la collaboratrice complice du réalisateur napolitain
Daniele Ciprì, auteur de Mon oncle d'Amérique
et chef opérateur sur son dernier film Angela).
Pour diversifier notre approche, nous avons aussi souhaité
rendre compte du travail de Lita Stantic, productrice d'exception
qui nous livre régulièrement des nouvelles d'un
pays en pleine tourmente, l'Argentine, au travers des films
d'un vivier de jeunes cinéastes talentueux et prometteurs
- comme Pablo Trapero, Lucrecia Martel ou encore Adriano Caetano.
Et dans un souci identique, nous avons donné carte
blanche à un écrivain, Leslie Kaplan, pour composer
une balade cinéphile personnelle à travers quelques
grands classiques.
Parce que nous sommes, bien évidemment, à l'écoute
des mutations du cinéma lui-même, qu'il s'agisse
de ses formes, de ses support, de sa diffusion, nous vous
proposons aussi de découvrir l'intégralité
du travail d'une plasticienne au regard poétique et
expérimental, Vivian Ostrovsky.
Enfin, nous nous honorons d'accueillir en
bonne place la fine fleur du documentaire, à travers
l'hommage rendu au duo d'exception formé par D.A. Pennebaker
et Chris Hegedus, pionniers du cinéma vérité
et observateurs de la scène musicale américaine
(avec entre autres le classique Bob Dylan, Don't Look Back
ou Only the Strong Survive, consacré aux vétérans
très actifs de la musique soul d'aujourd'hui).
Au final donc, un programme varié, qui consacre un
espace de choix aux documentaires, à la frontière
entre fiction et réalité, pour une exploration
des enjeux politiques et sociaux d'un monde de plus en plus
complexe ; aux premiers et deuxièmes films, ces uvres
souvent fragiles, à peine écloses, qui méritent
toute notre attention puisqu'elles nous font pressentir les
tendances de la création ; aux films inédits
qui auront, nous l'espérons, la chance de trouver un
distributeur.
Faut-il le rappeler ? Dans cette quête
incessante de découvertes qui est la marque des Rencontres,
le spectateur est bien sûr notre plus cher et plus
fidèle allié. Et le Grand Prix du public,
qui récompense le film le plus apprécié
par
le public précisément, atteste notre
longue connivence.
Pour la première fois, cette année, les Rencontres
seront aussi couronnées par un Prix de la presse,
qui offrira aux jeunes réalisateurs un autre regard
sur leur création. Ce prix vient aussi couronner
une fête du cinéma dont le succès est
allé croissant, au rythme de sa maturité.