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Enquête sur le monde invisible (c) D.R. ETRANGE FESTIVAL 2002

ENQUETE SUR
LE MONDE INVISIBLE

de Jean-Michel ROUX
Par Julie REMY


Quoi de plus naturel pour Jean-Michel Roux, autodidacte du cinéma et passionné de science-fiction, que de présenter son premier documentaire lors de l’Etrange Festival, ce rendez-vous parisien d’adeptes du Gore et autres déjantés ? Il s’y est déjà fait connaître il y a quelques années pour ses deux courts métrages fantastiques, La Voix du désert  et Trop près des dieux, ainsi que pour son premier long, Les mille merveilles de l’univers.

La première projection publique du film, dans une salle comble au Forum des Images, sera entrecoupée de rires incrédules et suivie d’une série de questions où le public s’est montré tantôt agressif, tantôt admiratif.

Compte-rendu...



  Enquête sur le monde invisible (c) D.R.

Tout commence par une musique vraiment space, électronique à souhait, presque digne de Star Trek. Et puis on est catapulté devant une brebis en train de mettre bas, aux premières loges. Sang, liquide amniotique, mains extirpant le museau collé du petit animal, bêlements affolés de la mère, tout y est. Rien de mystérieux, rien d’invisible jusqu’à présent. Ce serait plutôt le contraire…

En tout cas, c’est sûr, nous sommes dans un monde rural, et l’on ne s’étonne pas de voir un fermier parler à la caméra. Quoique ce fermier-là ne parle pas de récoltes ou de ses moutons. Non, sa première confidence, tout de go, est celle-ci : " Quand j’étais petit, je jouais avec des elfes et des gens morts ", dit-il le plus sérieusement du monde.

Sa placidité est déconcertante : " Mes fils jouent aussi avec des êtres invisibles. D’ailleurs mes six enfants sont tous voyants. " Ce premier témoignage déconcerte et donne le ton du film, avant même le générique. A priori j’aime, au moins ça promet. Mais dès le début, un léger malaise, qui persistera tout au long du documentaire : certains témoignages sont peu crédibles, soit par leur côté franchement loufoque, soit par les choix de mise en scène pris par le réalisateur, qui a pourtant assuré avant la projection qu’il ne s’agissait pas d’un docu-fiction ou d’un faux documentaire.

Enquête sur le monde invisible (c) D.R.

L’aplomb du fermier pourrait faire penser que c’est un acteur, et il est clair que les confidences de la plupart des intervenants ont été soigneusement préparées, y compris leurs mouvements face à la caméra. Un certain passage montrant deux hommes face à l’estuaire où plusieurs habitants ont dit avoir vu des monstres aquatiques m’a particulièrement dérangée, lorsqu’il est évident que le deuxième personnage a reçu la consigne de rester à l’arrière-plan pour ne se rapprocher et délivrer sa phrase qu’après le témoignage du premier… Ce sont des détails, mais lorsque plusieurs spectateurs ressentent tous le même malaise, c’est tout le film qui perd de sa crédibilité.

Tout de même, Jean-Michel Roux surprend par la hardiesse de sa caméra, et clôt cette première séquence, dite du fermier ‘elfophile’, avec un gros plan d’une beauté impressionnante sur l’œil de son sujet, débouchant de l’autre côté de la rétine sur l’immensité de l’espace galactique.

On ne manque pas de remarquer le procédé de saturation de l’image, créé par le chef opérateur Jean-Louis Vialard, qui peut être séduisant. Mais en fait il devient rapidement dérangeant, parce qu’il provoque un effet de surexposition rappelant parfois certains mauvais films américains. Cela donne une apparence illuminée qui n’aide pas à établir la crédibilité du document.