PAS COMME LES AUTRES
Les personnages "pas
comme les autres" ont en commun de ne pouvoir se fondre
dans "la masse" ; leur différence physique
ou comportementale est trop évidente pour ne pas
être source de malaise et donc d’exclusion. Leur apparence,
jugée monstrueuse, les empêche d’être
reconnus comme des êtres humains à égalité
avec les autres.
Souffrant de difformités dues à la maladie
(l’Elephant Man de David Lynch ; Raimondakis, le lépreux
filmé par Jean-Daniel Pollet dans L’Ordre), à
la guerre (Le Garçon aux cheveux verts de Joseph
Losey), ou à la science (Edward aux mains d’argent
de Tim Burton), leur physique dissemblable est ce qui les
identifie avant même que se révèle leur
moi profond.
Cette dichotomie entre l’être et son enveloppe physique
fait aussi le drame de ceux dont l’identité sexuelle
ne correspond pas au corps qui est le leur (Hedwig and the
Angry Inch de J. C. Mitchell, Le Mystère Alexina
de René Féret) ou est jugée contre
nature (l’homosexualité présumée d’Abram
dans Scènes de chasse en Bavière de Peter
Fleischmann).
Persécutions, chasses à l’homme et mises au
ban de la société sont alors le lot de ces
êtres, condamnés à une solitude d’autant
plus cruelle, que la douleur de ne pas être comme
les autres les a rendus plus sensibles. Ces destins tragiques,
souvent inspirés de récits authentiques (L’Énigme
de Kaspar Hauser de Werner Herzog), nous interrogent sur
notre degré d’humanité.
du mercredi 14 au dimanche 18 août.
AMOURS INTERDITES
Treize films sont ici réunis,
des œuvres tragiques mettant en scène des amants
maudits qui ne peuvent vivre un amour refusé par
la société. Les préjugés et
la peur sont à l’origine de ces histoires de passions
contrariées, qui mettent à jour la nécessité
pour chacun d’aimer celui ou celle qui peut être accepté(e)
par son groupe.
C’est ainsi qu’il est interdit d’aimer toute personne venue
d’un autre pays et d’une autre culture (Élise ou
la vraie vie de Michel Drach, Jungle Fever de Spike Lee,
La Femme de Rose Hill d’Alain Tanner, Tous les autres s’appellent
Ali de Rainer W. Fassbinder). Il est également tabou
d’aimer hors de sa "caste". Ceux qui transgresseront
les barrières sociales devront se cacher, tenir leur
union secrète (Le Chant de la fidèle Chunhyang
d’Im Kwon-taek), voir se déchaîner contre eux
leur entourage (L’Arche du désert de Mohamed Chouikh,
West Side Story de Robert Wise, Les Amants crucifiés
de Kenji Mizoguchi).
Aimer "l’Autre", c’est donc s’exposer à
être rejeté, exclu de la communauté,
poursuivi par la morale bien pensante, décidée
à rendre sa propre justice. Ce sera le destin tragique
des héroïnes malheureuses de J’ai le droit de
vivre de Fritz Lang ou des Proscrits de Victor Sjöström,
coupables d’avoir aimé des repris de justice.
Mercredi 11 septembre : soirée Gérard Blain
avec la projection de son film, "Pierre et Djemila",
présenté par Michel Cieutat, enseignant à
l’université Marc-Bloch de Strasbourg (coauteur du
"Cinématographe selon Gérard Blain",
Dreamland, 2002). Du mercredi 11 au dimanche 15 septembre.
AU DELA DES PREJUGES
Comment surmonter ce qui sépare
les êtres et les peuples ? Comment dire les dangers
de la peur et de la haine de "l’Autre" ? Comment
délivrer un message de tolérance tout en faisant
œuvre créatrice ? Par une poétisation du réel.
Sujet test par excellence, la guerre nous permet de mesurer
ce que peut le cinéma, quand il est à la fois
témoin lucide de son temps et œuvre d’art. On pourra
ici confronter la façon dont les grands réalisateurs
se sont emparés de l’Histoire : La Grande illusion
de Jean Renoir, Colonel Blimp de M. Powell et E. Pressburger,
L’Homme que j’ai tué d’Ernst Lubitsch, La Tragédie
de la mine de Pabst ont tous en commun de croire en la fraternité
humaine.
Pour finir de nous réconforter, il nous suffira d’écouter
la sagesse de trois personnages : un vieil homme (Agantuk
de Satyajit Ray), un soldat de la guerre de Sécession
(Danse avec les loups de Kevin Costner), sans oublier l’enfant
de Yaaba, d’Idrissa Ouedraogo, pour qui "le sujet du
film, c’est qu’on peut transformer les gens si on les écoute,
et aussi qu’il ne faut pas juger arbitrairement les choses".
Deux cinéastes invités durant ces journées
: mer-credi 9 octobre, André Van In, pour "La
Commission de la vérité", documentaire
consacré aux travaux de cette commission de réconciliation,
chargée de faire la lumière sur le système
de l’Apartheid en Afrique du sud ; samedi 12 octobre, Michel
Khleifi, cinéaste palestinien vivant en Belgique,
pour "Noce en Galilée" et "Mariage
mixte en Terre sainte". Du mercredi 9 au dimanche 13
octobre.