Ce qui fait la grande richesse
du festival, ce n’est pas le bric-à-brac médiatique,
représenté par l’effervescence des festivaliers
et leur besoin incontrôlé de compter le nombre
de stars présentes sur les planches, ni l’acharnement
des simples passants infortunés, capables d’attendre
des heures pour tenter d’apercevoir un visage photographique.
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Non, l’intérêt
de ce festival fortement paradoxal, c’est qu’il permet de
se rendre compte de l’incroyable vitalité de la production
américaine, bousculant ainsi les idées reçues
véhiculées dans la presse qui condamne régulièrement
la " machine hollywoodienne " et ses méfaits.
Le cinéma américain ce n’est bien entendu pas
seulement Hollywood, mais surtout il est beaucoup plus varié
que ce que l’opinion générale, particulièrement
chez les français, ne veut bien le laisser entendre.
A Deauville, on passe de la superproduction parfaitement huilée
au cinéma le plus indépendant et exigeant. Un
mythe tenace, corroboré par certains réalisateurs
eux-mêmes, qui veut qu’il n’existe pas ou plus de milieu
dans la production américaine, est ici démenti.
Pour s’en convaincre, il suffit de passer une journée
au festival de Deauville.
Vous commencez à 11h par un film de la compétition :
L.I.E., film d’auteur s’il en est, au sujet extrêmement
sensible et audacieux, qui ne manquera pas à sa sortie
en France de susciter polémique après " l’affaire "
Rose Bonbon. A 15 h, The Good Girl, chronique
de mœurs avec Jennifer Aniston dans un rôle à
contre-emploi, petite production servie par la présence
d’une star qui n’a pas peur de briser son image. A 20h, Simone
d’Andrew Niccol, parfait exemple de ce que l’on peut appeler
film du " milieu " de la production :
une star (Al Pacino), quelques effets spéciaux, un
budget conséquent donc, mais un scénario exigeant,
fruit du travail d’un auteur au style très personnel
qui développe depuis trois films (The Truman Show
- que réalisa Peter Weir - et Bienvenue
à Gattaca) des thèmes récurrents.
Simone est la quintessence de ce que peut donner l’alliance
entre un auteur et un studio : un film fort, distrayant
et en même temps une fine critique du milieu du cinéma
et des médias, au ton acerbe et drôle, qui ne
tombe jamais dans les lieux communs.
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Le lendemain vous verrez
La Mémoire dans la peau : film d’action
classique avec un véritable héros, le rafraîchissant
Matt Damon, acteur charismatique et engagé. La présence
d’un jeune réalisateur dynamique aux commandes nous
garantit une efficacité à toute épreuve
en même temps qu’un certain renouveau dans le traitement.
La vision de ces films en un temps rédui montre la
variété de la production américaine.
Il y a de la place pour les très petits budgets comme
pour les extravagances les plus titanesques. Et l’entre deux
existe bel et bien, à de nombreux niveaux. Pas de quoi
s’alarmer donc, on doit se réjouir au contraire d’une
telle santé, dont le cinéma européen
ne peut se targuer.
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