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Festival du film américain de Deauville 2002 (c) D.R. FESTIVAL DU FILM AMERICAIN
DE DEAUVILLE 2002

Compte-rendu
Par Cyril ROTA


Comme chaque année depuis vingt-huit ans, les amoureux du cinéma américain se réunissent sur la côte Normande pour y découvrir un panorama de la production actuelle, pour le meilleur comme pour le pire.

Ce qui fait la grande richesse du festival, ce n’est pas le bric-à-brac médiatique, représenté par l’effervescence des festivaliers et leur besoin incontrôlé de compter le nombre de stars présentes sur les planches, ni l’acharnement des simples passants infortunés, capables d’attendre des heures pour tenter d’apercevoir un visage photographique.

  Festival du film américain de Deauville 2002 (c) D.R.

Non, l’intérêt de ce festival fortement paradoxal, c’est qu’il permet de se rendre compte de l’incroyable vitalité de la production américaine, bousculant ainsi les idées reçues véhiculées dans la presse qui condamne régulièrement la " machine hollywoodienne " et ses méfaits. Le cinéma américain ce n’est bien entendu pas seulement Hollywood, mais surtout il est beaucoup plus varié que ce que l’opinion générale, particulièrement chez les français, ne veut bien le laisser entendre.

A Deauville, on passe de la superproduction parfaitement huilée au cinéma le plus indépendant et exigeant. Un mythe tenace, corroboré par certains réalisateurs eux-mêmes, qui veut qu’il n’existe pas ou plus de milieu dans la production américaine, est ici démenti. Pour s’en convaincre, il suffit de passer une journée au festival de Deauville.

Vous commencez à 11h par un film de la compétition : L.I.E., film d’auteur s’il en est, au sujet extrêmement sensible et audacieux, qui ne manquera pas à sa sortie en France de susciter polémique après " l’affaire " Rose Bonbon. A 15 h, The Good Girl, chronique de mœurs avec Jennifer Aniston dans un rôle à contre-emploi, petite production servie par la présence d’une star qui n’a pas peur de briser son image. A 20h, Simone d’Andrew Niccol, parfait exemple de ce que l’on peut appeler film du " milieu " de la production : une star (Al Pacino), quelques effets spéciaux, un budget conséquent donc, mais un scénario exigeant, fruit du travail d’un auteur au style très personnel qui développe depuis trois films (The Truman Show - que réalisa Peter Weir - et Bienvenue à Gattaca) des thèmes récurrents. Simone est la quintessence de ce que peut donner l’alliance entre un auteur et un studio : un film fort, distrayant et en même temps une fine critique du milieu du cinéma et des médias, au ton acerbe et drôle, qui ne tombe jamais dans les lieux communs.

La mémoire dans la peau (c) D.R.

Le lendemain vous verrez La Mémoire dans la peau : film d’action classique avec un véritable héros, le rafraîchissant Matt Damon, acteur charismatique et engagé. La présence d’un jeune réalisateur dynamique aux commandes nous garantit une efficacité à toute épreuve en même temps qu’un certain renouveau dans le traitement.

La vision de ces films en un temps rédui montre la variété de la production américaine. Il y a de la place pour les très petits budgets comme pour les extravagances les plus titanesques. Et l’entre deux existe bel et bien, à de nombreux niveaux. Pas de quoi s’alarmer donc, on doit se réjouir au contraire d’une telle santé, dont le cinéma européen ne peut se targuer.