Notre coup de cœur, c’est
sans hésiter
Secretary de Steven Shainberg qui
a fait forte impression lors de sa présentation. En
effet, cette histoire d’une secrétaire masochiste qui
noue une relation très perverse avec son patron est
brillamment interprétée et réalisée.
D’une tension parfois très forte, contrebalancée
par un sens de la dérision approprié, il titille
les spectateurs dans ses zones les plus sensibles. Avec un
sujet complètement différent, il rappelle étrangement
Crash de David Cronenberg dans son approche mystique
des comportements sado-maso.
Sur le même rang des films sulfureux, il faut noter
l’excellent
L.I.E (Long Island Expressway) de Michael
Cuesta, qui traite de la relation ambiguë entre un adolescent
de quinze ans et un marine à la retraite. Après
les récents débats sur la place de la pédophilie
dans la fiction avec le roman
Rose Bonbon, ce film
risque bien de faire re-sonner les cloches puritaines des
âmes bien-pensantes. La relation entre les deux personnages
est loin d’être condamnée, elle est même
plutôt idéalisée. Certains n’apprécieront
pas trop que l’on puisse montrer cet aspect de la sexualité
humaine autrement qu’en faisant du personnage un monstre.
Tenter de comprendre, c’est peut-être ce qu’il y a de
plus douloureux, et c’est une démarche que beaucoup
n’ont pas envie d’entreprendre. Ils se réfugient alors
derrière un rejet en bloc, sécurisant et confortable.
Le film possède par ailleurs
une grande sensibilité et une justesse remarquable
dans la manière de traiter les rapports entre les personnages.
Une œuvre forte et essentielle dont on aura l’occasion de
reparler.
Emmett’s Mark de Keith Snyder, jeune réalisateur
de vingt-quatre ans, est un polar noir et efficace au scénario
très bien ficelé : un homme atteint d’une
maladie incurable engage un tueur à gages pour l’abattre
à son insu afin de ne pas souffrir. Mais lorsqu’il
apprend que les médecins se sont trompés dans
le diagnostique, il est trop tard pour faire machine arrière.
La grande sobriété du talentueux Scott Wolf,
sorte de croisement entre Tom Cruise et Michael J.Fox, héros
de la série
La Vie à cinq, apporte beaucoup
au film, notamment face à un Gabriel Byrne toujours
aussi sombre et Tim Roth dans son registre habituel de marginal
déconnecté.
The Good Girl est
l’un des rares films à s’attarder sur la vie quotidienne
et les mœurs de l’Amérique, avec
The Safety Of Objects.
Tout en simplicité, il met en scène une double
histoire d’amour, parfois assez maladroitement, mais sauvé
par le charme des interprètes, notamment l’inattendue
Jennifer Aniston. Entre deux photographes tordus et secrétaires
nymphomanes, il est agréable de regarder un film qui
traite de comportements plus ordinaires mais tout aussi passionnants.
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Enfin, la compétition nous fait
découvrir cette année les premiers pas derrière
la caméra de Nicolas Cage avec Sonny. Le film
divise et provoque une opinion plutôt mitigée.
Si l’on peut saluer le choix d’un sujet risqué et traité
avec sensibilité, on restera sceptique quant aux véritables
aptitudes de Cage à la réalisation. Sa mise
en scène démontre l’immense influence, pour
ne pas dire sa dépendance à Martin Scorsese,
qui l’a dirigé dans A Tombeau ouvert. En fait
le problème majeur est qu’on ne croit pas vraiment
à un Nicolas Cage concerné par son sujet mais
simplement en quête d’une reconnaissance artistique.
L’intérêt du film en prend un coup, malgré
la présence de l’immense James Franco, LA révélation
masculine du festival.