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LA COMPETITION

  Photo Obsession (c) D.R.
La particularité de la compétition est d’avoir une vocation de " tremplin " pour les jeunes cinéastes. Pas de noms connus aux commandes des films présentés, mais une grande rigueur dans le choix des œuvres. Cette année encore, elle nous offre les plus beaux fleurons du cinéma indépendant US.

LA révélation par excellence, saluée par la presse et couronnée par un prix du Jury et du Public, c’est Photo Obsession de Mark Romanek. L’ex clippeur star nous offre un long-métrage parfaitement maîtrisé.


Notre coup de cœur, c’est sans hésiter Secretary de Steven Shainberg qui a fait forte impression lors de sa présentation. En effet, cette histoire d’une secrétaire masochiste qui noue une relation très perverse avec son patron est brillamment interprétée et réalisée. D’une tension parfois très forte, contrebalancée par un sens de la dérision approprié, il titille les spectateurs dans ses zones les plus sensibles. Avec un sujet complètement différent, il rappelle étrangement Crash de David Cronenberg dans son approche mystique des comportements sado-maso.

Sur le même rang des films sulfureux, il faut noter l’excellent L.I.E (Long Island Expressway) de Michael Cuesta, qui traite de la relation ambiguë entre un adolescent de quinze ans et un marine à la retraite. Après les récents débats sur la place de la pédophilie dans la fiction avec le roman Rose Bonbon, ce film risque bien de faire re-sonner les cloches puritaines des âmes bien-pensantes. La relation entre les deux personnages est loin d’être condamnée, elle est même plutôt idéalisée. Certains n’apprécieront pas trop que l’on puisse montrer cet aspect de la sexualité humaine autrement qu’en faisant du personnage un monstre. Tenter de comprendre, c’est peut-être ce qu’il y a de plus douloureux, et c’est une démarche que beaucoup n’ont pas envie d’entreprendre. Ils se réfugient alors derrière un rejet en bloc, sécurisant et confortable.

The Good Girl (c) D.R.
Le film possède par ailleurs une grande sensibilité et une justesse remarquable dans la manière de traiter les rapports entre les personnages. Une œuvre forte et essentielle dont on aura l’occasion de reparler.

Emmett’s Mark de Keith Snyder, jeune réalisateur de vingt-quatre ans, est un polar noir et efficace au scénario très bien ficelé : un homme atteint d’une maladie incurable engage un tueur à gages pour l’abattre à son insu afin de ne pas souffrir. Mais lorsqu’il apprend que les médecins se sont trompés dans le diagnostique, il est trop tard pour faire machine arrière. La grande sobriété du talentueux Scott Wolf, sorte de croisement entre Tom Cruise et Michael J.Fox, héros de la série La Vie à cinq, apporte beaucoup au film, notamment face à un Gabriel Byrne toujours aussi sombre et Tim Roth dans son registre habituel de marginal déconnecté.

The Good Girl est l’un des rares films à s’attarder sur la vie quotidienne et les mœurs de l’Amérique, avec The Safety Of Objects. Tout en simplicité, il met en scène une double histoire d’amour, parfois assez maladroitement, mais sauvé par le charme des interprètes, notamment l’inattendue Jennifer Aniston. Entre deux photographes tordus et secrétaires nymphomanes, il est agréable de regarder un film qui traite de comportements plus ordinaires mais tout aussi passionnants.

  James Franco (c) D.R.
Enfin, la compétition nous fait découvrir cette année les premiers pas derrière la caméra de Nicolas Cage avec Sonny. Le film divise et provoque une opinion plutôt mitigée. Si l’on peut saluer le choix d’un sujet risqué et traité avec sensibilité, on restera sceptique quant aux véritables aptitudes de Cage à la réalisation. Sa mise en scène démontre l’immense influence, pour ne pas dire sa dépendance à Martin Scorsese, qui l’a dirigé dans A Tombeau ouvert. En fait le problème majeur est qu’on ne croit pas vraiment à un Nicolas Cage concerné par son sujet mais simplement en quête d’une reconnaissance artistique. L’intérêt du film en prend un coup, malgré la présence de l’immense James Franco, LA révélation masculine du festival.