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Bruce Lee (c) D.R. POINT DE VUE SUR
LE CINEMA DE HONG KONG

Du 30 nov. au 22 déc. 2002
Cinémathèque Française, Paris
Par Yves GAILLARD


Longtemps dénigré (après tout, le " kung fu " est voisin du porno dans les cycles de l’exploitation en France), puis devenu au fil des ans l’emblème d’une cinéphilie sophistiquée, le cinéma hong kongais est encore (bien que la Corée du Sud et le Japon attirent les plus curieux) le nouvel Eldorado critique, attisé depuis quelques années par le développement sous toutes ses formes (de la VHS au DVD) des réseaux d’import. Mais une appréhension historiquement justifiée était jusqu’alors empêchée par les difficultés rencontrées dans la recherche des films.

  John Woo (c) D.R.

La disponibilité des titres fut tout d’abord soumise à l’étroitesse des débouchés que représentaient pour les intérêts asiatiques les marchés occidentaux. C’est donc à coup de politique de cession de droit à court terme, capitalisant d’abord sur un genre, puis sur quelques grands noms (avec un glissement significatif de la star : Bruce Lee, Jackie Chan, à " l’auteur " : Tsui Hark, John Woo… Le mécanisme du produit restant identique, identifié par un nom faisant office de marque) que se dessina en France une image du cinéma hong kongais, fragmentaire et discontinu, davantage reflet des liens économiques entre marchés occidentaux et asiatiques que projet de distribution cohérent. En cela, dans la répétition du phénomène défini par les modalités de la " découverte originelle " (Bruce Lee, encore et toujours), c’est par une " Politique des auteurs " à peine rénovée que la critique française contemporaine fit connaître et continue d’éclairer le cinéma de Hong Kong.

En ce sens, les choix opérés par les programmateurs de la Cinémathèque Francaise ont comme ambition évidente de donner à voir des films certes invisibles, mais surtout devenus mythiques au gré des défrichages opérés par les aventures éditoriales françaises (le hors-série Made in HK des Cahiers du Cinéma, le " Spécial Asie " de la défunte revue Le Cinéphage, l’éphèmère revue " HK ", entres autres). Sorte de " super séance de rattrapage ", cette rétrospective s’inscrit dans une volonté quasi pédagogique, se focalisant sur des genres représentatifs aux yeux du spectateur occidental (le wu xia pian, le kung fu, le polar), et sur des cinéastes emblématiques, ayant fait l’objet d’une attention toute particulière de la part de la critique française. Ellle assoit donc un peu plus une vision éminemment subjective de ce cinéma.

Chang Cheh (c) D.R.

Si un pas énorme a été fait en trente ans, entre l’image du " film de karaté " comme parent du porno, et l’accession aux honneurs de l’auteurisation pour un Tsui Hark ou un John Woo, et par ricochet un Chang Cheh, il est sans doute dommage que cette réhabilitation définitive et incontestable d’un cinéma encore exotique en passe par la répétition, en un autre lieu, du combat de l’Auteur et du Système, déjà mis en scène par les fondateurs de la Politique des Auteurs. Dès lors, ce n’est pas dans cet hommage que l’image attachée au cinéma de Hong Kong sera remise en cause. (héroïque, opératique, formellement innovant traversé de pulsions rendus plus visibles par le " carcan " du genre, et surtout exotique, grosso modo).