Longtemps dénigré
(après tout, le " kung fu " est
voisin du porno dans les cycles de l’exploitation en France),
puis devenu au fil des ans l’emblème d’une cinéphilie
sophistiquée, le cinéma hong kongais est encore
(bien que la Corée du Sud et le Japon attirent les
plus curieux) le nouvel Eldorado critique, attisé depuis
quelques années par le développement sous toutes
ses formes (de la VHS au DVD) des réseaux d’import.
Mais une appréhension historiquement justifiée
était jusqu’alors empêchée par les difficultés
rencontrées dans la recherche des films.
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La disponibilité
des titres fut tout d’abord soumise à l’étroitesse
des débouchés que représentaient pour
les intérêts asiatiques les marchés occidentaux.
C’est donc à coup de politique de cession de droit
à court terme, capitalisant d’abord sur un genre, puis
sur quelques grands noms (avec un glissement significatif
de la star : Bruce Lee, Jackie Chan, à " l’auteur " :
Tsui Hark, John Woo… Le mécanisme du produit restant
identique, identifié par un nom faisant office de marque)
que se dessina en France une image du cinéma hong kongais,
fragmentaire et discontinu, davantage reflet des liens économiques
entre marchés occidentaux et asiatiques que projet
de distribution cohérent. En cela, dans la répétition
du phénomène défini par les modalités
de la " découverte originelle "
(Bruce Lee, encore et toujours), c’est par une " Politique
des auteurs " à peine rénovée
que la critique française contemporaine fit connaître
et continue d’éclairer le cinéma de Hong Kong.
En ce sens, les choix opérés par les programmateurs
de la Cinémathèque Francaise ont comme ambition
évidente de donner à voir des films certes invisibles,
mais surtout devenus mythiques au gré des défrichages
opérés par les aventures éditoriales
françaises (le hors-série Made in HK des Cahiers
du Cinéma, le " Spécial Asie "
de la défunte revue Le Cinéphage, l’éphèmère
revue " HK ", entres autres). Sorte de
" super séance de rattrapage ",
cette rétrospective s’inscrit dans une volonté
quasi pédagogique, se focalisant sur des genres représentatifs
aux yeux du spectateur occidental (le wu xia pian, le kung
fu, le polar), et sur des cinéastes emblématiques,
ayant fait l’objet d’une attention toute particulière
de la part de la critique française. Ellle assoit donc
un peu plus une vision éminemment subjective de
ce cinéma.
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Si un pas énorme
a été fait en trente ans, entre l’image du " film
de karaté " comme parent du porno, et l’accession
aux honneurs de l’auteurisation pour un Tsui Hark ou un John
Woo, et par ricochet un Chang Cheh, il est sans doute dommage
que cette réhabilitation définitive et incontestable
d’un cinéma encore exotique en passe par la répétition,
en un autre lieu, du combat de l’Auteur et du Système,
déjà mis en scène par les fondateurs
de la Politique des Auteurs. Dès lors, ce n’est pas
dans cet hommage que l’image attachée au cinéma
de Hong Kong sera remise en cause. (héroïque,
opératique, formellement innovant traversé de
pulsions rendus plus visibles par le " carcan "
du genre, et surtout exotique, grosso modo).
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