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Tokyo International Film Festival 2003 (c) D.R. TOKYO INTERNATIONAL
FILM FESTIVAL 2002

TOKYO FILMEX FESTIVAL 2002
Tokyo, Décembre 2002
Compte-rendu par Stephen SARRAZIN


LES PETITS PLAISIRS

Le marché de l'édition à Tokyo est énorme, des dizaines de journaux, de revues pour chaque sujet, thème, tendance, sauf pour le cinéma, pour lequel il n'existe pratiquement aucune revue fédératrice, capable d'enthousiasmer ses lecteurs. L'ancêtre, KinéJunpo, touche un public réduit de fidèles, tandis que les Cahiers du Cinéma Japon, qui reprend des textes des Cahiers français en ajoutant quelques critiques et essais Japonais, ont le tirage d'un fanzine. Quant à l'édition japonaise de Première, qui reprend plutôt des textes de la version américaine, elle se distingue par la pauvreté de son contenu original. En revanche, des revues théoriques, des livres, ouvrages sur le cinéma abondent dans les librairies de Tokyo, toute l'histoire du cinéma Japonais, de Shochiku a Nikkatsu, de Toho a Toei, les journaux, scénarios d'Ozu, les mémoires de Haruko Sugimura (fidèle de tous les grands films d'Ozu), tout cela en kanji il va de soit. Mais ce n'est pas tout, ces dizaines, ces centaines de revues à Tokyo consacrent toutes un espace important au cinéma, et ce sont dans ces revues que se trouve la communauté critique.

  Tatsuya Fuji (c) D.R.

Citons quelques noms, Studio Voice, Switch, Cut, H, Dune, Brutus, Pool, Dish, Composite, et une nouvelle arrivée, Invitation (pour son 1er numéro, Invitation se prenait pour Vanity Fair en rassemblant son gratin de l'industrie du cinéma Japonais, c'est-à-dire les cinéastes qui rencontrent un public étranger plutôt que domestique, avec le titre sur-optimiste de " japanese film as universal language ". (le public de Tokyo quant à lui ne parle pas le même langage). On croise parfois les mêmes plumes (pas sur le modèle Libé / Cahiers / Inrocks) dans les revues bien sûr, et toujours dans les festivals. Et depuis trois ans maintenant, l'année au Japon se termine sur deux festivals, le Tokyo International Film festival, qui fêtait son quinzième anniversaire, et le Tokyo Film Ex Festival, festival de cinéma indépendant d'Asie, son troisième, qui enchaîne après celui de Pusan en Corée.

Je collabore à certaines de ses revues, à Composite depuis des années, et plus récemment à Invitation, qui compte aussi parmi ses collaborateurs Shigehiko Hasumi, francophile et père dans l'âme de la bande Kurosawa / Aoyama / Shinozaki, qui fut jusqu’à sa récente retraite, le président de l'Université de Tokyo. Il est aussi l'auteur d'un essai sur Ozu paru dans la collection Auteurs des éditions des Cahiers du Cinéma. Je croise M.Hasumi à Tokyo FilmEx, à la projection du nouveau film de Kyoshi Kurosawa, Bright Future, son meilleur depuis des lustres (une synthèse néanmoins de thèmes croisés dans Cure, Licence to Live et Charisma). Kurosawa présente son film en compagnie de ses trois acteurs : l'incontournable Tadanobu Asano, devenue La star " indie " du Japon, Tatsuya Fuji (grand bonheur de revoir l'acteur de l’Empire des Sens d'Oshima), et une star montante de la télé, une idole, Jo Odagiri. C'est d'ailleurs pour lui que ce public, largement féminin, est venu. Nous reviendrons sur le film puisque rendez-vous est pris avec Kyoshi Kurosawa et ses acteurs pour des entretiens en janvier. Le film commence, tourné en High Vision Digital Vidéo, palette sobre, nuancée, lumineuse, magnifique. Je vois M.Hasumi à ma droite...qui très tôt commence à piquer du nez, puis qui s'endort carrément pendant le film, mais on veille au grain, on le réveille avec un regard discret autour, a-t-on remarqué ?