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Tadanobu Asano (c) D.R.

Tokyo FilmEx élargissait cette année son idée de l'Asie, en présentant Russian Ark d'Alexandre Sokourov (le Japon a co-produit avec la Russie et l'Allemagne)... ainsi que le nombre de films Japonais présentés cette fois. L'année dernière, seul Blue Spring de Toshiaki Toyada figurait dans le programme alors qu'on retrouve en compagnie de Kurosawa : Shinya Tsukamoto, Sabu, et des nouveaux venus comme Yusuke Iseya, acteur chez Koreeda, qui signait son premier long-métrage. Autrement, quelques titres vus dans d'autres festivals, tels Oasis de Chang-Dong Lee, primé à Venise, et Blissfully Yours de Apichatpong Weerasethakul, déjà sorti à Paris.

Ces deux festivals, que  sépare une pensée sur le cinéma (d'ailleurs le directeur de la programmation de Tokyo FilmEx, Shozo Ichiyama, est un transfuge du Tokyo International Film Festival), partagent cependant quelques aspects pratiques communs : une courte durée, soit une semaine, relativement peu de films, qui ne seront présentés qu'une fois (les projections de presse ne présentent pas tous les titres-phare des festivals), des invites de prestige, et des lieux qui s'affirment culturellement et financièrement à Tokyo : le Tokyo International Film Festival se déroule dans le bâtiment Bunkamura à Shibuya (reproduction de Saint-Germain Armani / Cartier / Dior aux  Halles... ), et Tokyo FilmEx au Asahi Hall à Ginza (qui vaut l’Opéra de Paris) ... Luc Besson, à qui le maire de Tokyo a offert la clé de la ville, présidait le festival international, et le grand acteur coréen Sung-ki Ahn, celui de l'Asie indépendante; néanmoins les prix intéressent à peine le public et la critique... Ce qui rend ces événements sympathiques, attachants, tient à la simplicité avec laquelle on peut croiser les gens, lorsqu'on les reconnaît...  Outre le sommeil de M.Hasumi, quelques autres plaisirs au cours de ces festivals : une rencontre de plus et un entretien agréable avec Shinya Tsukamoto pour A Snake of June (on-line sous peu), ainsi qu'une conversation par hasard avec Takashi Miike que je salue à la sortie du Bunkamura, après avoir vu Jam Films, une série de sept courts-métrages Japonais, par Shunji Iwai, Isao Yukisada, Rokuro Mochizuki,etc. Ryuhei Kitamura, réalisateur de Versus, figure aussi au programme, et on continue de se demander pourquoi..

  Takashi Miike (c) D.R.

Nous parlons de la sortie parisienne de Visitor Q, je lui cite des passages de la French Press, de la nécessité de voir tous les Fukasaku, ou encore Teorema de Pasolini pour bien saisir le film . Miike renifle bien fort et sourit, la tête déjà vers d'autres films. Ici dans les locations vidéo, Visitor Q est repérable aux bas des étagères économiques... On lance le terme de bluff, qu'il est d'un côté de l'Atlantique, notamment à San Francisco, ou Montréal, le mauvais garçon cultissime qui fantasme sur les quartiers chauds de sa ville, en héritier nostalgique de l'époque Pinky Violence de la Toei, tandis qu'a Paris, les critiques continuent d'une part de légitimer les films d'Asie par le biais de films Européens (Visitor Q c'est bien parce que Teorema...), ou de bluffer les lecteurs en parlant de films inédits, de réalisateurs découverts le temps de 2,3 films au festival de l'étrange, que ce soit Teruo Ishii et Fukasaku de chez Toei, ou Masaru Konuma de chez Nikkatsu, etc. Ou encore de s'étendre sur Seijun Suzuki, le qualifiant de perfectionniste et de petit maître parce que dans les années 60, il préférait les femmes de Tohoku et d'ailleurs, à celles du Honshu (les lecteurs sont invités à imaginer quelles purent être les différences). Aux amateurs des petits maîtres (pour reprendre le mot de Philippe Azoulay), signalons que Nikkatsu vient de lancer une nouvelle série dvd, Dig the nippon, merveilles de tous les autres petits maîtres des années 60, encore inconnus de Tarantino, Jarmusch, etc. Miike s'en amuse, son public ici, c'est avant tout celui de la série Dead or alive, ou de ses réalisations V-Cinéma. L'ancien assistant d'Immamura hausse les épaules lorsqu'on l'interroge sur l'importance d'être le prochain auteur issu du Japon.  Rendez-vous re-pris pour un long entretien que nous avons maintes fois reporté.

Puis les plaisirs de l'Amérique. Cet automne, Sofia Coppola, son frère Roman et une foule d'acteurs ‘in’ étaient a Tokyo  pour le tournage du second long métrage de Sofia C. Le rôle principal est tenu par le père spirituel d'Owen Wilson, Bill Murray. Demande est faite à Toho (qui distribuera le film au Japon) : un entretien avec Bill Murray pour un magazine Japonais. C'est non à toute la presse, il faudra attendre... Et puis je croise une fois, puis une deuxième fois, l'équipe du film en tournage, à Shibuya puis Shinjuku. Et la deuxième fois, j'arrive à m'approcher de Bill Murray et lui dis " You're my hero ". On prend un café et le magazine aura quelques propos du maître, livrant quelques impressions de Tokyo, et peu sur le film.