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  JOURNEES EUROPEENNES
DU CINEMA ET
DE L’AUDIOVISUEL


18 décembre 2002
Strasbourg
Par Nicolas JOURNET


Le 18 décembre dernier, à Strasbourg, se sont tenues les Journées européennes du cinéma et de l’audiovisuel. Dans l’enceinte du Palais de l’Europe, bâtiment abritant anciennement le Parlement européen, différents acteurs de la production cinématographique européenne sont intervenus pour défendre " une véritable diversité des images faites par des européens et vues par les Européens ".


  Michel Rocard  (c) D.R.
Le cinéma est une arme diplomatique. Les Etats-Unis l’ont compris avant tout le monde. Ou du moins ils furent les premiers à débloquer les moyens financiers nécessaires à leur ambition : faire du cinéma américain l’étalon image de la planète. Ainsi, à peine le monde s’extirpait de sa deuxième guerre que les Etats-Unis pensaient déjà à étendre la diffusion de leurs films. En mai 1946, les accords Blum-Byrnes supprimaient le contingentement des films américains (qui dans les années 30 autorisait la diffusion dans les salles françaises de seulement 188 films américains doublés et de 50 supplémentaires en version originale). En échange, les Etats-Unis s’engageaient à soutenir financièrement la reconstruction de la France.

Dans les discours entendus à la Journée européenne du cinéma et de l’audiovisuel, il apparaît clairement que l’Union européenne développe désormais la même stratégie. Dans son intervention, Luciana Castellina, du Comité de Présidence Eurovisioni, n’a-t-elle pas par exemple déclaré que " le cinéma fait partie intégrante des affaires étrangères ". Avant de se réjouir de la nomination à la présidence de la Commission culture, jeunesse, éducation, médias et sports du Parlement européen de Michel Rocard, qui est selon elle une " figure de la diplomatie européenne ". Le choix de Michel Rocard comporte pourtant une faiblesse de taille, que celui-ci annonce d’ailleurs en préambule : il n’y connaît pas grand chose au monde du cinéma. Mais il espère bien combler ses lacunes en multipliant les rencontres avec les professionnels du 7ème art, comme dans ces Journées européennes du cinéma et de l’audiovisuel, et pouvoir ainsi défendre au mieux les intérêts d’un cinéma européen qui au vu des différentes interventions en a bien besoin.

Journées européennes du cinéma (c) D.R.
Premier à tirer la sonnette d’alarme, le directeur de l’Observatoire européen de l’audiovisuel Wolfgang Closs évoque " une détérioration dans tous les domaines du cinéma européen ". Dans un communiqué de presse datant d’octobre 2002, l’Observatoire européen de l’audiovisuel implanté à Strasbourg annonçait déjà une " fragilisation de la situation financière des entreprises cinématographiques en Europe malgré l’augmentation des aides publiques ". Certes, le total des actifs et le produit d’exploitation des cinquante premières entreprises cinématographiques de l’Union européenne ont presque doublé entre 1997 et 2000, mais cette période de fort investissement est accompagnée pour ces mêmes entreprises d’une baisse de rentabilité et d’une augmentation de l’endettement.

Les différentes branches de l’industrie cinématographiques ne se sont pas comportées de la même manière. Selon l’Observatoire européen de l’audiovisuel, le secteur de la production " travaille à la ligne de flottaison financière " avec des marges bénéficiaires peu élevées. La branche exploitation est elle aussi fragile. Même si le nombre d’entrées dans les salles de cinéma de l’Union européenne a progressé de 21% entre 1997 et 2000, les indicateurs de performances financières restent dans le rouge. Notamment à cause des investissements très importants réalisés pour la construction de multiplexes. Les données de 2001 ne sont pas encore disponibles, mais l’Observatoire indique que les déclarations des principaux circuits d’exploitation qu’elle a commencées à recueillir laissent présager une poursuite de la crise financière.