Le festival de Clermont-Ferrand
accueille chaque année dans sa vallée auvergnate
plusieurs milliers de visiteurs, ce qui en fait la plus grosse
manifestation mondiale dédiée au court-métrage.
Une fenêtre inhabituellement grande pour ce petit format,
plus habitué à une diffusion underground qu’aux
clameurs des salles de mille personnes.
Les séances affichent toujours complet, ce qui a de
quoi réjouir les réalisateurs de courts-métrages,
souvent estomaqués de voir un tel engouement pour des
films habituellement confinés à la confidentialité.
D’ailleurs, même si ce n’est qu’au
figuré, on déroule le tapis rouge à ces
jeunes cinéastes : débats, interviews, parfois
une caméra de télé, souvent régionale,
mais la gloire monte vite à la tête et il n’est
pas rare que ces artistes débutants s’écoutent
un peu parler.
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LA SELECTION REGIONALE
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Séance de rattrapage pour les films subventionnés
par les comités régionaux mais non retenus dans la compétition.
L’intitulé du programme est très représentatif des nombreuses
contradictions qui émanent de la verve « revendicatrice »
des acteurs du court-métrage. Il y est ainsi fièrement annoncé
que cette sélection rendra hommage à ceux et celles
qui ont fait le choix de travailler en région, refusant le
centre pour la périphérie.
On s’étonnera de la logique quelque peu binaire et réductrice
de ce type de dogme, mais quoi qu’il en soit, ces programmes
recèlent quelques excellentes surprises. On notera ainsi le
troublant Après d’Angelo Cianci avec Géraldine Pailhas,
dont l’absence en compétition est assez inexplicable, ainsi
que Signe d’hiver de Jean-Claude Moireau avec Cyrille
Thouvenin dans le rôle d’un auto-stoppeur ambigu qui séduit
une femme mariée. Là aussi on est en droit de se demander
pourquoi le film n’a pas trouvé grâce auprès des sélectionneurs.
Jean-Claude Moireau (réalisateur de Signe d’hiver)
à propos de la sélection « Films en Régions » :
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« Il y a un intérêt certain à la présence
d'une sélection « Films en régions » à Clermont-Ferrand
: des films comme le mien n'ont pu se faire qu'avec le soutien
financier des instances régionales, dans mon cas les Pays
de la Loire et le Limousin, auxquelles s'est ajouté le département
de la Corrèze. L'aide du C.N.C. n'est venue qu'un an après
réalisation sous forme de « prime à la qualité ».
Cela signifie que mon scénario était sans doute trop fragile
pour susciter un engouement et un soutien massifs chez les
lecteurs et membres des commissions, d'autant plus que s'agissant
d'un projet de premier film, il n'y avait rien d'autre que
ce scénario pour convaincre ! »
« Ce qui justifie ce programme en plus de la sélection
officielle ? D'abord le fait que toute occasion de montrer
un film est la bienvenue ! Personnellement, qu'il ait été
ou non en compétition m'importait peu. Au festival Premier
Plan d'Angers, il était déjà dans une section analogue
: pour ces premières manifestations, c'était moins de pression,
et je crois aussi que le public présent à des séances qui
se déroulent dans des lieux plus excentrés, plus difficiles
d'accès, est souvent plus curieux, plus attentif, ce qui n'est
pas pour me déplaire. »
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