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Côté court de Pantin (c) D.R. COTE COURT
Festival de Pantin


Par Cyril ROTA


Cette année, le festival du court-métrage de la Seine Saint-Denis est placé sous le signe du cinéma « militant », une thématique qui correspond bien à l’esprit de la manifestation : sociale et engagée.


  Mods (c) D.R.

En effet, même dans la compétition, les films sélectionnés à Pantin sont toujours bien humanistes et sociaux. Paysans de la Corrèze, caissières à Leader Price et lycéennes en crise se retrouvent chaque année sur les écrans du « Ciné 104 », sous l’œil aguerri d’un jury bienveillant. Peu de fantaisie donc, même si quelques contre-exemples viennent parfois démentir les préjugés, tel l’excellent Mods de Serge Bozon. Mais globalement, l’ambiance n’est pas à la franche rigolade. Ce n’est pas grave car, bien que suivant la mouvance du cinéma ultra réaliste « à la française », les films réservent parfois de bonnes surprises.

Ainsi, on notera le remarquable, et pourtant oublié du palmarès, Signe d’hiver de Jean-Claude Moireau, avec Cyrille Thouvenin et Marie Rousseau. Ce film met en scène un auto-stoppeur ambigu qui va bouleverser une femme plus âgée à l’allure bien rangée. Les deux acteurs, formidables, donnent une épaisseur supplémentaire à ce film d’atmosphère. En particulier le jeune comédien, sur le fil du rasoir, qui rend son personnage réellement captivant, presque inquiétant, tout en conservant la fraîcheur et la naïveté des rôles qui l’ont fait connaître.

La Chatte andalouse (c) D.R.

Deux autres perles ont fait briller ce festival : il s’agit de La Chatte Andalouse de Gérald Hustache-Mathieu et Mods de Serge Bozon, respectivement Prix du public et Prix de la presse. Le premier est un film extraordinairement surprenant, qui fait preuve d’une maîtrise inouïe de la part du jeune cinéaste. Tout en poésie et en finesse, il distille habilement une atmosphère coquine et subversive, avec des personnages inattendus et touchants. Jamais vulgaire, il se dégage pourtant de ce film un parfum d’érotisme jubilatoire, preuve qu’il n’y a guère besoin de démonstration pour créer la sensation. La beauté plastique rejoint la qualité scénaristique avec une narration subtile et inventive qui ménage ses effets et parvient à surprendre le spectateur.

Mods,quant à lui, est une fable originale à l’esprit décalé dont se dégage la personnalité totalement à part du réalisateur. Dans un campus déserté, un étudiant atteint d’une maladie inconnue, est le centre des préoccupations de chacun. Le ton est unique, drôle, pince sans rire, les dialogues remarquablement écrits et les influences extrêmement riches et variées. Si le festival devait faire émerger un auteur, Serge Bozon pourrait être celui-là. Le film aura, en juin 2003, les honneurs d’une sortie en salle bien méritée et, on l’espère, remarquée.