Jeudi 19 juin 2003, 1er
Festival International du Making Of (Toulouse, France). 21
heures. Quinze musiciens (Orchestre National du Capitole
de Toulouse) et leur chef d’orchestre (Stéphane Cardon) investissent
la grande salle du Gaumont Wilson. Une salle de cinéma improvisée
en salle de concert. Sur le grand écran, en direct, la version
restaurée de Casanova d’Alexandre Volkoff (1927).
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Georges Delerue a 60 ans
lorsqu’il compose la musique de ce film muet. Nous sommes
alors en 1985. Et ce n’est pas la première fois qu’il écrit
pour le cinéma muet. Delerue écrivit en effet en 1952 la partition
originale de deux films muets de René Clair, Un chapeau
de paille d’Italie (1927) et Les deux timides (1928).
En association avec la Cinémathèque Française et à l’occasion
de la restauration du Casanova de Volkoff , on demanda
donc à Delerue d’écrire une composition originale de plus
de deux heures. Nous sommes dans la plus importante « période
télévisuelle » de Delerue ; il y écrit à tour de
bras. Mais il vient aussi de composer la musique du dernier
film de François Truffaut Vivement dimanche ! (1983)
et va travailler avec Oliver Stone pour deux films Salvador
et Platoon (1986).
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La musique que Delerue
écrit pour Casanova en 1985 n’est pas interprétée avec
un synthétiseur (on se rappelle douloureusement les tentatives
de Giorgo Moroder en ce domaine), ni écrite de manière atonale
(comme c’est d’ailleurs le cas régulièrement, Ennio Morricone
, entre autres, s’y étant essayé) ni post-moderne (voir les
propositions quatre platines du groupe Electrons Libres).
Delerue écrit ici « une musique de film » - la différence
d’époque et l’absence du réalisateur ne gênant visiblement
pas Delerue.
La force de cette partition, en effet, c’est peut-être la
volonté même de Delerue de ne pas tendre vers une musique
de concert « savante » ou « dans l’air du temps »,
mais vers une musique de film « pure et dure »,
poursuivant ainsi une sorte d’idéal de la musique de film
« à la Delerue », à savoir, faite « d’impersonnalité
intemporelle » comme le soutient Michel Chion , comme
un but, un accomplissement, pour Delerue. (1)
Pour le Casanova de Volkoff , Delerue écrit des thèmes
musicaux associés à certains personnages. Il ne s’agit pour
autant pas de leitmotivs caricaturaux. Il faudra attendre
par exemple plus d’une heure et demie pour entendre le fameux
thème d’aventure joué à la trompette (rappelant Cartouche
du même Delerue). Delerue travaille moins ses thèmes que le
lien du thème avec l’instrument - ainsi, le thème de l’amante
lié à la harpe ou, plutôt, la harpe liée au thème (lui-même
lié visuellement à l’eau de Venise).
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