Cela nous amène ainsi
au second problème des Ciné-Concerts : l’éthique envers
le cinéaste disparu. Qui peut prétendre avoir le droit artistique
et moral de remettre en musique le film d’un artiste ?
Et l’on sait à quel point la musique peut changer un film… Pourquoi
ne pas envisager plus souvent la projection de films muets de
manière muette ou avec la musique exacte utilisée à l’époque
?
Nous pourrions répondre
aux puristes que la musique a autant le droit de revisiter
des films que les cinéastes de revisiter les livres. C’est
un droit et parfois un cadeau. Le Casanova de Delerue
n’est certes pas le Casanova de Volkoff . Et peut-être
tant mieux. Et peut-être hélas. Mais la qualité de la partition
de Delerue ré-éclaire, ré-explore, prolonge, le film de Volkoff
. Comme une analyse de film. Toute musique de film ne l’est-elle
pas depuis bien longtemps, une analyse de film ?
Nous avons en tout cas parfois cette impression magique d’assister
lors des Ciné-Concerts à un fragment de « Making Of »,
découvrant les coulisses d’une musique de film. Un Ciné-Concert
a bel et bien cette dimension de séance d’enregistrement
(les musiques de film étant enregistrées devant un écran en
direct). Le secret du film semble alors tout proche, palpable. Ce
fut en ce sens une bonne idée d’inclure ce Ciné-Concert
dans un tel Festival. Nous sommes avec les acteurs, les créateurs, derrière
le rideau, derrière la surface, dans la plus grande profondeur
de champ possible au cinéma. Dans la fabrication, la création
et le charbon. Et Delerue nous apparaissant alors, ce soir-là, et
plus que jamais, comme un des plus grands compositeurs des
toiles.
1)
Michel Chion , in La musique au cinéma
, Editions Fayard 1995, p. 316.
2) Oliver Stone dans
le film Georges Delerue de Jean-Louis
Comolli (1995)
Merci à Laure Aillagon
, Gwendoline Beuzelin , Stéphane Cardon et l’Orchestre
National du Capitole de Toulouse et au Festival
International du Making Of