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MERCREDI 9 AVRIL
Il pleut sur la ville

  La Ciotat (c) Nicolas Journet

Réveil parisien difficile. Pourtant, le train du festival ne quitte la Gare de Lyon qu’à 9 h 20. L’horaire de départ est donc plus que correct et manquer le TGV à destination de Toulon avec arrêt exceptionnel en gare de La Ciotat relèverait d’une flemmardise exceptionnelle voire maladive. Mais il y a des matins comme cela où l’attraction terrestre se fait plus forte. Comme si pendant la nuit le corps assoupi s’était inséparablement soudé au matelas tentateur. Et par une loi de la contradiction qui fait toute la saveur de l’existence humaine, ce sont toujours les jours où le temps est compté que l’horloge interne a dû mal à se mettre en route. Finalement, au bout de quelques minutes d’efforts pathétiques, la comateuse machine finit par retrouver son rythme quotidien. Petit déjeuner rapide, douche express, valises saisies au vol, escaliers descendus quatre à quatre, métro, changement de ligne, de nouveau escaliers, de nouveau métro, puis escalators, et enfin – délivrance –  le hall de départ de la Gare de Lyon, lieu ferroviaire qui par anticipation olfactive sent si bon la lavande et le romarin.

A 9 h 10, le quai s’affiche. Voie C. Deux wagons de première classe sont réservés aux festivaliers. Avant de pouvoir s’y installer, l’attachée de presse Manon Ouellette remet aux scénaristes, producteurs, acteurs, réalisateurs et journalistes présents un sac de toile, au logo de la SACD (Société des auteurs et compositeurs dramatiques), contenant le programme des cinq jours à venir. Un kit du parfait festivalier avec photos et mini-biographies qui s'avèrera particulièrement utile durant le séjour à La Ciotat. Une fois détenteurs de ce nécessaire du parfait festivalier, les invités montent en une file indienne cahotante dans le train à grande vitesse. Ils entassent leurs bagages dans les rangements prévus à cet effet et s’assoient en fonction de leurs affinités électives dans les traditionnels sièges rouge et gris qui composent les compartiments des nantis du transport ferroviaire. Votre narrateur ne connaît personne et s’installe donc où son instinct le guide. Non pas dans une place isolée comme sa timidité le lui conseille, mais dans une de ces paires de sièges qui font le bonheur des voyageurs amoureux. Ce positionnement stratégique devrait logiquement entraîner une première rencontre, une première discussion. Ce qui fait l’intérêt de cette expédition journalistique pour le 6e Festival des scénaristes de La Ciotat.

Hotel Eden (c) Nicolas Journet

Les minutes s’écoulent. Soudain, une main se tend. “ La place est libre ? ”, demande un individu au sourire avenant. “ Je m’appelle Nadim Chammas. Et toi ? Ca te gêne si on se tutoie ? ”. Le contact est franc, direct, chaleureux. Vendredi, ce trentenaire libanais va présenter un scénario de long-métrage au Forum des auteurs. Le Festival des scénaristes de La Ciotat propose en effet à plusieurs auteurs débutants un premier contact avec le public. Les apprentis scénaristes, ils sont au nombre de huit pour cette sixième édition, disposent de vingt minutes pour présenter leurs projets. Pendant vingt autres minutes, ils doivent ensuite répondre aux questions de spectateurs pour beaucoup professionnels. Dans cette démarche pas forcément évidente, ils sont assistés par un scénariste confirmé et un producteur expérimenté séduits lors des phases de sélection précédentes par une histoire souvent au stade d’ébauche.

Pour Nadim Chammas, présenter un scénario est une grande première. Il a bien participé à un autre festival quelques mois auparavant. Mais rien à voir avec le Festival des scénaristes de La Ciotat. Nadim est tout nouveau dans le métier. Il a seulement suivi pendant quelques semaines un programme de formation à l’écriture fictionnelle dirigée par Marie-Geneviève Ripeau, directrice du département scénario de la Fémis. Mais “ Le Russe est revenu ! ”, son premier scénario qu’il espère bien réaliser lui-même, paraît déjà très maîtrisé. Du moins c’est ce que les extraits communiqués par l’organisation semblent indiquer. Une discussion passionnante s’engage alors sur la situation politique actuelle au Liban, sur le positionnement du gouvernement local vis-à-vis de la situation en Irak. Mais aussi sur la capacité d’une communauté à panser les plaies d’une guerre civile. Un thème qui sert de toile de fond à ce retour d’exil mouvementé que raconte Nadim Chammas à travers le personnage d’Adib.