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Sur ces entrefaites, après
avoir traversé la France du Nord au Sud en un peu plus de
trois heures, le TGV Méditerranée arrive en gare de La Ciotat.
Des bus conduisent les festivaliers vers leurs hôtels, puis
viennent rechercher la petite troupe quelques minutes plus
tard pour les conduire à une réception de bienvenue. Ce buffet
introductif apporte trois enseignements. Premièrement, la
profession forme bel et bien un ensemble très clanique. Ne
connaissant personne, votre narrateur se retrouve ainsi fort
dépourvu quand la répartition des tables fut venue. Les différentes
familles ayant tendance à se recroqueviller chacune dans un
coin de la salle. Deuxièmement, avec un minimum de courage,
il n'est pas très difficile de rentrer dans le cercle. En
effet, une grande partie des festivaliers sont des gens adorables
et faciles d’accès. Exemple : Nathalie Andrieux, notamment
réalisatrice des courts-métrages Pâques au tison et
Noël au balcon. N’ayant été assise qu’une heure aux
côtés d’un obscur petit journaliste, elle lui adressera pourtant
chaque fois que leurs chemins se recroiseront un sourire sympa
ou un petit mot gentil. Troisième constatation : il existe
entre les hiérarchies cinématographiques un léchage de bottes
loin d’être systématique, mais quand même bien présent. A
peine la place située à côté de Bertrand Tavernier, parrain
d'honneur de l’édition 2003 du festival, se libère-t-elle
qu’un scénariste s’y engouffre avec un empressement trop rapide
pour ne pas être hypocrite.
Rassasiés, les convives regagnent leurs navettes pour gagner
le théâtre du Golfe où se tiendra une conférence sur les aides
régionales. Petit échange saisi au vol dans l’un de ces bus.
“ Tu travailles sur quelque chose en ce moment ? ”,
demande une femme à un scénariste belge. “ Je n’ai pas
de scénarios en préparation, mais j’écris un roman ”,
répond ce dernier. “ Ce sera une sorte de “ La vie
sexuelle de Catherine M. ” au masculin. Je ne veux pas
m’avancer, il me faut encore l’accord de ma femme, mais cela
risque d’être une petite bombe ! ”. Narcissisme et prétention
à l’état brut, certains des festivaliers ont l’air de ne plus
toucher terre depuis longtemps. Le débat autour des aides
régionales réunit différents acteurs du financement cinématographique.
Entre autres : Eric Briand du CNC (Centre national de la Cinématographie),
Jean-Louis Tixier du Conseil général, Nicole Reynaud du Conseil
régional et Marc Ceccaldi de la Drac (Direction régionale
des affaires culturelles). Isabelle Massot, la déléguée générale
du festival, est également présente. Au cours de la discussion,
elle propose la création d’une nouvelle forme d’aide, devant
permettre la fidélisation de trios scénariste-réalisateur-producteur.
Qu’elle soit pertinente ou pas (certains approuvent, d’autres
pas), son intervention a le mérite de réveiller des spectateurs
endormis par le consensus mou des autres intervenants.
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La cérémonie d’ouverture
a lieu juste après au cinéma Lumière. Les deux frères lyonnais
à l’origine du cinématographe ont en effet projeté leurs films
à La Ciotat. Plus précisément dans le cinéma Eden, qui sera
réhabilité dans les mois qui viennent, après avoir évité de
justesse la transformation en supermarché. Les représentants
de la municipalité, en particulier l’adjointe à la culture
Jacqueline Peloux, ne manqueront pas de rappeler à chacune
de leurs interventions cette bonne nouvelle. Ajoutant aussi
que la villa de Michel Simon deviendra prochainement une maison
d’auteurs. Mais ces conseillers municipaux si prolixes sur
leur amour du cinéma se montreront moins prompts à apporter
des subventions au festival. C'est en tout cas ce que l'on
apprendra de la bouche des organisateurs lors de la cérémonie
de clôture.
Après une entrée en matière du maire et un discours intelligent,
bien écrit et pas ennuyeux d'Isabelle Massot (trois qualités
suffisamment rares dans ce type d’exercice oral pour être
signalées), la 6e édition du festival des scénaristes de La
Ciotat est déclarée ouverte. Dans la foulée, le réalisateur
belge Philippe Blasband présente en avant-première Un honnête
commerçant. Scénariste du très bon Une liaison pornographique,
il passe cette fois derrière la caméra avec Philippe Noiret
en tête d’affiche. Malheureusement, bien que plein de bonnes
intentions, son film contient trop de lourdeurs pour susciter
l’adhésion. Petite déception. Tout le monde, enfin presque
puisqu’une soirée est organisée au casino de la ville, rentre
au bercail après une journée de mise en route moyenne, en
grande partie à cause du temps. Une pluie fine et une température
quasi polaire ont fait ressembler La Ciotat au port du Havre
en plein hiver. Ce qui, mille excuses aux Havrais, n'est pas
le spectacle le plus joyeux du monde !
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