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  Hotel Eden (c) Nicolas Journet

Sur ces entrefaites, après avoir traversé la France du Nord au Sud en un peu plus de trois heures, le TGV Méditerranée arrive en gare de La Ciotat. Des bus conduisent les festivaliers vers leurs hôtels, puis viennent rechercher la petite troupe quelques minutes plus tard pour les conduire à une réception de bienvenue. Ce buffet introductif apporte trois enseignements. Premièrement, la profession forme bel et bien un ensemble très clanique. Ne connaissant personne, votre narrateur se retrouve ainsi fort dépourvu quand la répartition des tables fut venue. Les différentes familles ayant tendance à se recroqueviller chacune dans un coin de la salle. Deuxièmement, avec un minimum de courage, il n'est pas très difficile de rentrer dans le cercle. En effet, une grande partie des festivaliers sont des gens adorables et faciles d’accès. Exemple : Nathalie Andrieux, notamment réalisatrice des courts-métrages Pâques au tison et Noël au balcon. N’ayant été assise qu’une heure aux côtés d’un obscur petit journaliste, elle lui adressera pourtant chaque fois que leurs chemins se recroiseront un sourire sympa ou un petit mot gentil. Troisième constatation : il existe entre les hiérarchies cinématographiques un léchage de bottes loin d’être systématique, mais quand même bien présent. A peine la place située à côté de Bertrand Tavernier, parrain d'honneur de l’édition 2003 du festival, se libère-t-elle qu’un scénariste s’y engouffre avec un empressement trop rapide pour ne pas être hypocrite.

Rassasiés, les convives regagnent leurs navettes pour gagner le théâtre du Golfe où se tiendra une conférence sur les aides régionales. Petit échange saisi au vol dans l’un de ces bus. “ Tu travailles sur quelque chose en ce moment ? ”, demande une femme à un scénariste belge. “ Je n’ai pas de scénarios en préparation, mais j’écris un roman ”, répond ce dernier. “ Ce sera une sorte de “ La vie sexuelle de Catherine M. ” au masculin. Je ne veux pas m’avancer, il me faut encore l’accord de ma femme, mais cela risque d’être une petite bombe ! ”. Narcissisme et prétention à l’état brut, certains des festivaliers ont l’air de ne plus toucher terre depuis longtemps. Le débat autour des aides régionales réunit différents acteurs du financement cinématographique. Entre autres : Eric Briand du CNC (Centre national de la Cinématographie), Jean-Louis Tixier du Conseil général, Nicole Reynaud du Conseil régional et Marc Ceccaldi de la Drac (Direction régionale des affaires culturelles). Isabelle Massot, la déléguée générale du festival, est également présente. Au cours de la discussion, elle propose la création d’une nouvelle forme d’aide, devant permettre la fidélisation de trios scénariste-réalisateur-producteur. Qu’elle soit pertinente ou pas (certains approuvent, d’autres pas), son intervention a le mérite de réveiller des spectateurs endormis par le consensus mou des autres intervenants.

Un Honnête Commerçant  (c) Nicolas Journet

La cérémonie d’ouverture a lieu juste après au cinéma Lumière. Les deux frères lyonnais à l’origine du cinématographe ont en effet projeté leurs films à La Ciotat. Plus précisément dans le cinéma Eden, qui sera réhabilité dans les mois qui viennent, après avoir évité de justesse la transformation en supermarché. Les représentants de la municipalité, en particulier l’adjointe à la culture Jacqueline Peloux, ne manqueront pas de rappeler à chacune de leurs interventions cette bonne nouvelle. Ajoutant aussi que la villa de Michel Simon deviendra prochainement une maison d’auteurs. Mais ces conseillers municipaux si prolixes sur leur amour du cinéma se montreront moins prompts à apporter des subventions au festival. C'est en tout cas ce que l'on apprendra de la bouche des organisateurs lors de la cérémonie de clôture.

Après une entrée en matière du maire et un discours intelligent, bien écrit et pas ennuyeux d'Isabelle Massot (trois qualités suffisamment rares dans ce type d’exercice oral pour être signalées), la 6e édition du festival des scénaristes de La Ciotat est déclarée ouverte. Dans la foulée, le réalisateur belge Philippe Blasband présente en avant-première Un honnête commerçant. Scénariste du très bon Une liaison pornographique, il passe cette fois derrière la caméra avec Philippe Noiret en tête d’affiche. Malheureusement, bien que plein de bonnes intentions, son film contient trop de lourdeurs pour susciter l’adhésion. Petite déception. Tout le monde, enfin presque puisqu’une soirée est organisée au casino de la ville, rentre au bercail après une journée de mise en route moyenne, en grande partie à cause du temps. Une pluie fine et une température quasi polaire ont fait ressembler La Ciotat au port du Havre en plein hiver. Ce qui, mille excuses aux Havrais, n'est pas le spectacle le plus joyeux du monde !