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JEUDI 10 AVRIL
Films courts, grandes idées

  Conversations auteurs (c) Nicolas Journet

Réveil méditerranéen facile. La chambre d’hôtel donne directement sur la plage. C’est quand même autre chose qu’à Paris où les fenêtres s’ouvrent au choix : sur une rue bruyante d'automobiles, sur une cour humide, ou bien encore sur un petit parc rachitique pour chats errants en mal de refuge. Dans la salle restaurant, une poignée de festivaliers petit-déjeunent tout en parlant cinéma. Entendre évoquer telle ou telle aide à la création, tel ou tel film donnent un sens charnel à ce repas de début de journée. Une incroyable passion pour le 7e art transparaît en effet dans ces discussions matinales. Il est clair que pour ces personnes, le cinéma est bien plus qu’une profession rémunérée. C’est aussi un véritable mode de vie.

A 10 heures, une conversation avec cinq auteurs-réalisateurs débutants est organisée au cinéma Lumière. L’ambiance est détendue. En partie grâce au talent de Nathalie Mercier, l'animatrice en charge de cette rencontre, mais aussi grâce à l’humour des cinq participants. Chacun d'entre eux présente avec simplicité son cheminement personnel conscient que sa présence au-devant de la scène résulte d’une série de hasards et de rencontres, qui certes n’enlève rien à leur talent mais qui le relativise un peu. Car c'est bien connu là où il y a de la chance, il y a forcément un peu d'injustice. En tout cas, dans ce club des cinq improvisé, aucun ne semble victime de l’enflure de chevilles précoce qui peut survenir après l'obtention, comme c'est leur cas, d'un début de reconnaissance artistique.

Mathieu Hostan  (c) Nicolas Journet

Leurs parcours sont très divers. Stéphane Foenkinos était professeur d’anglais à Sarcelles avant de rencontrer Jacques Doillon et de travailler avec lui sur Petits frères. Son frère David se consacrait à l’écriture de romans. Entraîné par son frère dans le monde du cinéma, il achève avec celui-ci le scénario de 5 Septembre plus tard, le prochain film de Jacques Doillon. De son côté, Martin Sauvageot est disc-jockey dans plusieurs cafés montmartrois. Parallèlement, il travaille sur différents projets cinématographiques ou télévisuels avec son ami Marco Rivard. Mathieu Robin a débuté comme stagiaire régie pour passer ensuite à la réalisation de courts-métrages. Il en est aujourd'hui à son troisième. Même processus (stage régie puis réalisation) pour Carine Tardieu qui a réalisé en 2002 Les baisers des autres, court-métrage qui est devenu depuis le mois d’avril dernier un livre pour ados publié aux éditions Actes Sud Junior. Cette multiplicité fait plaisir dans une société contemporaine qui fonctionne suivant la théorie du chemin unique. Pour tel métier, telle école ; pour telle profession, telle formation : voilà une règle qui n’a pas cours dans le milieu du cinéma. Et c’est tant mieux.

L'après-midi, plusieurs courts-métrages sont projetés au cinéma Lumière, véritable centre névralgique du festival. Certains d'entre eux sont particulièrement réussis. Celui de Mathieu Robin, Pensée assise, est remarquable de maîtrise. Dès la première image, la qualité de la réalisation, du jeu et de la lumière saute aux yeux. Avec Heures creuses, Sébastien Sort développe quant à lui un univers singulier assez film noir et très cartoonesque qui s'avère plutôt intéressant. Avec un personnage de perdant magnifique, interprété par Jean-Noël Brouté, qui mériterait d'être développé en long. Autre réussite : Pompier ! de Martin Le Gall. Le jeune réalisateur parisien a su créer une atmosphère originale avec sa description décalée d'une troupe de théâtre has been. Le burlesque n'est pas loin et voir un ton aussi marqué pour une première œuvre surprend et impressionne.