JEUDI 10 AVRIL
Films courts, grandes idées
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Réveil méditerranéen facile.
La chambre d’hôtel donne directement sur la plage. C’est quand
même autre chose qu’à Paris où les fenêtres s’ouvrent au choix
: sur une rue bruyante d'automobiles, sur une cour humide,
ou bien encore sur un petit parc rachitique pour chats errants
en mal de refuge. Dans la salle restaurant, une poignée de
festivaliers petit-déjeunent tout en parlant cinéma. Entendre
évoquer telle ou telle aide à la création, tel ou tel film
donnent un sens charnel à ce repas de début de journée. Une
incroyable passion pour le 7e art transparaît en effet dans
ces discussions matinales. Il est clair que pour ces personnes,
le cinéma est bien plus qu’une profession rémunérée. C’est
aussi un véritable mode de vie.
A 10 heures, une conversation avec cinq auteurs-réalisateurs
débutants est organisée au cinéma Lumière. L’ambiance est
détendue. En partie grâce au talent de Nathalie Mercier, l'animatrice
en charge de cette rencontre, mais aussi grâce à l’humour
des cinq participants. Chacun d'entre eux présente avec simplicité
son cheminement personnel conscient que sa présence au-devant
de la scène résulte d’une série de hasards et de rencontres,
qui certes n’enlève rien à leur talent mais qui le relativise
un peu. Car c'est bien connu là où il y a de la chance, il
y a forcément un peu d'injustice. En tout cas, dans ce club
des cinq improvisé, aucun ne semble victime de l’enflure de
chevilles précoce qui peut survenir après l'obtention, comme
c'est leur cas, d'un début de reconnaissance artistique.
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Leurs parcours sont très
divers. Stéphane Foenkinos était professeur d’anglais à Sarcelles
avant de rencontrer Jacques Doillon et de travailler avec
lui sur Petits frères. Son frère David se consacrait
à l’écriture de romans. Entraîné par son frère dans le monde
du cinéma, il achève avec celui-ci le scénario de 5 Septembre
plus tard, le prochain film de Jacques Doillon. De son
côté, Martin Sauvageot est disc-jockey dans plusieurs cafés
montmartrois. Parallèlement, il travaille sur différents projets
cinématographiques ou télévisuels avec son ami Marco Rivard.
Mathieu Robin a débuté comme stagiaire régie pour passer ensuite
à la réalisation de courts-métrages. Il en est aujourd'hui
à son troisième. Même processus (stage régie puis réalisation)
pour Carine Tardieu qui a réalisé en 2002 Les baisers des
autres, court-métrage qui est devenu depuis le mois d’avril
dernier un livre pour ados publié aux éditions Actes Sud Junior.
Cette multiplicité fait plaisir dans une société contemporaine
qui fonctionne suivant la théorie du chemin unique. Pour tel
métier, telle école ; pour telle profession, telle formation :
voilà une règle qui n’a pas cours dans le milieu du cinéma.
Et c’est tant mieux.
L'après-midi, plusieurs courts-métrages sont
projetés au cinéma Lumière, véritable
centre névralgique du festival. Certains d'entre eux
sont particulièrement réussis. Celui de Mathieu
Robin, Pensée assise, est remarquable de maîtrise.
Dès la première image, la qualité de
la réalisation, du jeu et de la lumière saute
aux yeux. Avec Heures creuses, Sébastien Sort
développe quant à lui un univers singulier assez
film noir et très cartoonesque qui s'avère plutôt
intéressant. Avec un personnage de perdant magnifique,
interprété par Jean-Noël Brouté,
qui mériterait d'être développé
en long. Autre réussite : Pompier ! de Martin
Le Gall. Le jeune réalisateur parisien a su créer
une atmosphère originale avec sa description décalée
d'une troupe de théâtre has been. Le burlesque
n'est pas loin et voir un ton aussi marqué pour une
première œuvre surprend et impressionne.
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