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Donen alternait les formes.
Ainsi, si Chantons sous la pluie et Beau fixe sur
New York sont de parfaits exemples du talent de Donen
allié à celui de Kelly, les deux films se répondant d’ailleurs
tant sur le thème de l’amitié, du faux-semblant que sur les
numéros musicaux, Au fond de mon cœur, un autre film
musical, en est un peu l’opposé, représentant ce que peut
typiquement être une biographie filmée, celle d’un célèbre
compositeur de Broadway, avec enchaînement de scènes chantées
parfois languissantes, la volonté d’unir l’histoire musicale
et sentimentale du compositeur pas toujours bien gérée mais
joliment réussie lors d’une scène centrale dans laquelle le
compositeur devient lui-même spectacle, ce qui sera rendu
en écho à la fin du film.
Mais que ce soit dans la pure comédie musicale ou le film
mettant en scène des spectacles, Donen transmet un véritable
amour, non pour la danse, mais pour la musique (en témoigne
Au fond de mon cœur), le rythme qui entraîne les corps
(et mène à la danse).
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Stanley Donen, « le
prince de la comédie musicale » ? On aurait pu intituler
cette rétrospective « le prince du rythme », celui
du contrepoint où les corps vont et viennent pour finalement
se rejoindre et d’entremêler. Dans ce cas, un film comme Ailleurs
l’herbe est plus verte avait bien sa place dans cet hommage.
Le film, comédie classique, débute et se clôt sur une chanson
installant un contre-point entre les Anglais et les Américains.
Cary Grant et Deborah Kerr sont Comte et Comtesse, vivent
dans le château de leurs ancêtres qu’ils ouvrent au public
pour subsister. Robert Mitchum, typiquement américain, s’éloigne
de son groupe pour découvrir les appartements privés du couple
et rencontre la châtelaine. À Cary Grant, très « old
fashion » vient s’opposer le Robert Mitchum, millionnaire
adepte des nouvelles tendances. Deborah Kerr ira de l’un à
l’autre jusqu’à une scène finale, certes moralisante, mais
dans laquelle le rythme ira en s’accélérant, les deux hommes
s’affrontant, leurs deux corps face à face.
Si Stanley Donen privilégie, comme l’ensemble du cinéma américain
de l’époque, le happy end, c’est en faisant passer
les mœurs les plus douteuses pour de belles histoires d’amour.
La châtelaine de Ailleurs l’herbe est plus verte part
une semaine dans les bras de son amant américain (Donen nous
fait bien comprendre que leur relation n’a rien de platonique)
avant de faire se battre en duel les deux rivaux et laisser
la morale sauve (la femme reste avec son mari, bien que « old
fashion »). Dans Les aventures de Lucky Lady,
Liza Minelli (sa mère, Judy Garland, transparaissant dans
chaque intonation, chaque expression au point que cela en
devienne gênant), après une courte hésitation, finit par ne
pas choisir et faire ménage à trois : les deux hommes
et la femme prennent leur bain et dorment ensemble… Donen,
en faisant mine de nous conter une histoire d’amour et d’amitié,
trompait peut-être les censeurs, sachant que le public, lui,
ne s’y tromperait pas.
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