COURTS MAIS BONS
Une fois n’est pas coutume, succombons
aux délices du dithyrambe et commençons par des éloges : les
courts-métrages ont constitué (à quelques exceptions près) de
très bonnes surprises. La petite fille de Licia Eminenti
raconte l’histoire d’une jeune femme qui voit une petite fille
se faire violemment gifler par son grand frère dans la rue.
D’instinct, elle prend sa défense. En réalité, cela réveille
en elle un lourd secret qu’elle a caché pendant de longues années
et qui va ressurgir au cours d’une dispute avec son petit ami.
Interprété par les excellents Garance Clavel et Bertrand Cantat,
le chanteur du groupe Noir Désir faisant ici ses premiers
pas (prometteurs) en tant qu’acteur, ce court-métrage, sensible
et douloureux, est une jolie réussite, qui montre comment un
événement d’une insupportable violence (une gamine maltraitée
par un grand frère face à la démission de ses parents) peut
parfois réveiller des démons enfouis en chacun de nous.
Moins convaincant mais peut-être plus original, Love is the
Law de Eivind Tolas prétend s’inspirer du sentiment amoureux
pour le pervertir via un support télévisuel d’informations.
Ou comment confondre le n’importe quoi avec la provocation la
plus gratuite.
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Plus intéressant, le Canadien Dale Heslip
nous fait découvrir son univers délicieusement décalé, absurde
et drôle de son Truth about Head, une comédie morbide
dans laquelle on suit les mésaventures d’Ed, un homme seulement
pourvu d’une tête, qui anime un "freak show" pour
pouvoir s’acheter un corps. Le résultat est évidemment fascinant,
même si on ne peut s’empêcher de dire que tout cela ne respire
pas la nouveauté et lorgne un peu trop ostensiblement vers les
ambiances de Tod Browning, de Roy Andersson ou même de Jean-Pierre
Jeunet. Le cas du réalisateur reste à élucider : est-il un brillant
illusionniste ou un recycleur d’images ? Talent à confirmer
avant de crier trop vite au génie.
Encore plus bizarre, le court-métrage français Sous les Fagots
de Ron Dyens évoque la dépression d’une femme qui effectue
un grand travail sur elle-même. Ce court-métrage à la mise en
scène inspirée et aux séquences déroutantes ne manque pas d’idées
réjouissantes et donne lieu à un ensemble aussi dérangeant que
passionnant.
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