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Les changements
dans le traitement du caractère sont ensuite moins radicaux.
En 1983, Tony Scott employait l’icône Bowie pour incarner
le monstre projeté dans les années 80, sans plus rien apporter
aux fondements du mythe, et il faudra attendre les années
1990 pour que de nouveaux réalisateurs sachent enrichir la
figure du vampire. Parmi ceux-ci, Abel Ferrara avec The
Addiction (1995), où le démon prend un tour burroughsien,
en métaphore du junky condamné à vivre en marge d’une
société cauchemardesque seulement peuplée de créatures cyniques
et de proies susceptibles d’apaiser un temps son appétit.
Vampires (1998), l’une des grandes réussites de John
Carpenter, où le cinéaste américain livre peut-être la clef
de son œuvre en brouillant les frontières entre domaines du
Bien et du Mal, et en finissant par crucifier son héros chasseur
de vampires, Jack Crow que joue James Woods, dans une parodie
de sacrifice christique.
Trouble every Day (2001) de Claire Denis, l’un des
plus beaux films de la sélection de la Cinémathèque, qui mêle
l’horreur à l’esthétique des corps mutilés et vidés de leur
sang, et où Béatrice Dalle trouve l’un de ses meilleurs rôles
en interprétant une jeune femme qu’une étrange maladie pousse
à assassiner ses amants. On l’aura compris, le vampire est
remarquable en ce qu’il sait incarner non plus seulement les
peurs du spectateur mais ses désirs les plus inavouables,
explicitement sexuels ou violents, c’est une figure parfaitement
paradoxale issue du folklore de l’Europe centrale, d’autant
plus terrifiante qu’elle suscite des sentiments ambigus (2).
Aussi il y a un authentique plaisir sensuel à suivre ces créatures
maudites dans leurs pérégrinations, ce que souligne le sous-titre
du Nosferatu de Murnau : « Eine Symphonie
des Grauens », en comparant le retour des morts à un
morceau de musique.
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Restent
quelques curiosités autour des nombreuses séries B et Z que
propose la Cinémathèque, dont Blood : the Last Vampire
(2000) de Hiroyuki Kitabubo, manga de format court qui mêle
les scènes d’action pure à une réflexion plus profonde sur
la définition de l’humain. Cronos (1993), film matrice
de l’œuvre de Guillermo Del Toro jusqu’à Blade II (2001),
faux film pop-corn qui use du personnage de comic-book
Marvel comme d’un justicier rompu aux arts martiaux, et l’intègre
finalement à la mythologie du super-héros. Le monstre symbole
d’altérité est désormais un champion à qui le spectateur peut
sans difficulté s’identifier.
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1) Manuela Dunn Mascetti, Chronicles
of the Vampire, Bloomsbury.
2) Comme le rappelle
Bernard Eisenschitz, les nazis avaient de manière
significative voulu déchiffrer l’image du Juif
détesté, « Der ewige Jude » et
ses traits de caricature, dans le premier Nosferatu.
cf. Bernard Eisenschitz, Le Cinéma Allemand,
Nathan / Cinéma 128.
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VAMPIRES
Du 2 juillet
au 8 septembre 2003
Salle des Grands Boulevards
42 Bd Bonne Nouvelle
75010 Paris
A
voir
Le lundi 8 septembre, pour la clôture de la
rétrospective, l’avant-première du film de Guy
Maddin Dracula : Pages from a Virgin’s
Diary (2002), hommage expressionniste au personnage
de Bram Stoker sous forme d’un ballet filmé sur
une musique de Gustav Mahler.
Programmation
The addiction d’Abel Ferrara
El ataud del vampiro de Fernando Mendez
Near Dark de Kathryn Bigelow
The Fearless Vampire Killers de Roman Polanski
La Belle Captive d’Alain Robbe-Grillet
Les Biches de Claude Chabrol
Blacula de William Crain
Blade de Stephen Norrington
Blade II de Guillermo Del Toro
Blood : the last vampire de Hiroyuki Kitabubo
Body double de Brian De Palma
Our Daily Bread/City Girl de Friedrich W. Murnau
Horror of Dracula de Terence Fisher
Les Charlots contre dracula de Jean-Pierre Desagnat
Scars of Dracula de Roy Ward Baker
Vampire Circus de Robert Young
Clovis trouille d’Alain Joguet.
Countess Dracula de Peter Sasdy
La Comtesse noire de Jess Franco
Contes immoraux de Walerian Borowczyk
Cronos de Guillermo Del Toro
La Cripta e l’incubo de Camillo Mastrocinque
L’Ultima preda del vampiro de Piero Regnoli
Les Deux Orphelines vampires de Jean Rollin
Devil bat’s daughter de Frank Wisbar
Dracula de Tod Browning
Dracula de John Badham.
Bram Stoker’s Dracula de Francis Ford Coppola
Dracula vs. Frankenstein d’Al Adamson.
Dracula Has Risen from the Grave de Freddie Francis
Dracula : Pages from a Virgin’s Diary de Guy Maddin
Dracula pére et fils d’Édouard Molinaro
Dracula, Prince of Darkness de Terence Fisher.
Dracula contra Frankenstein de Jess Franco
Dracula A. D. 72 d’Alan Gibson
The Satanic Rites of Dracula de Alan Gibson
Andy Warhol’s Dracula de Paul Morrissey
Vampire’s Kiss de Robert Bierman.
A Return to Salem’s Lot de Larry Cohen.
The Bad and the Beautiful de Vincente Minnelli
Interview with the Vampire de Neil Jordan.
The Comfort of Strangers de Paul Schrader
The Devil is a Woman de Josef von Sternberg
La Fiancée de dracula de Jean Rollin
Dracula’s Daughter de Lambert Hillyer
A Filha de Dracula de Jess Franco
Fade to Black de Vernon Zimmerman.
Le Frisson du vampire de Jean Rollin
Shivers / Parasite Murders de David Cronenberg
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