VINGTS
ANS D’ACTION
N’importe quel observateur a pu le constater, en vingt
ans, le paysage du court métrage français a été profondément
bouleversé. Certains ne le savent peut-être pas, il y a vingt
ans, le mot même de court métrage avait disparu du vocabulaire,
on disait plus couramment « documentaire ».
Depuis, les festivals se sont multipliés, le secteur s’est
professionnalisé, plusieurs chaînes de télévision en présentent,
l’école en inscrit dans ses programmes. Si on ne peut pas
affirmer que tout ce développement est le fruit du travail
de l’Agence du court métrage, on ne peut nier que l’activité
de diffusion et de promotion mise en œuvre en 1983 y soit
pour beaucoup.
QU’EST-CE QUE L’AGENCE DU COURT
METRAGE AUJOURD’HUI ?
Une diffusion alternative
Il est faux de dire que les courts métrages ne sont pas
vus. Simplement, cela n’a guère de sens d’évaluer leur diffusion
à l’aune de la sacro-sainte sortie du mercredi. Ce rituel
hebdomadaire a, en quelques années, considérablement réduit
la durée d’exploitation des films en salles et certains avancent
même que cette obsolescence accélérée n’est plus adéquate
à la visibilité de certains films.
La vie des courts métrages repose sur un autre régime, comparable
à celle des œuvres vidéo ou des films dits expérimentaux,
qui circulent de musées en musées sur plusieurs mois, voire
plusieurs années. Difficile d’évaluer avec exactitude le nombre
de leurs spectateurs, mais cela n’empêche nullement leur notoriété.
Si la diffusion des courts métrages ressemble un peu à cette
circulation, elle est beaucoup plus dense encore et rayonne
essentiellement dans les salles obscures.
Ainsi, sur un an, l’Agence du court métrage aura permis à
plus de 1300 films différents de circuler (et ce chiffre,
basé sur les seules locations, ne prend pas en compte les
circulations de copies en festivals). Rappelons donc que certains
de ces films sont plus vus que bien des longs métrages sacrifiés
dans le flux des sorties. Prenons un exemple : Salam
de Souad El-Bouhati, César 2000 du court métrage, d’une durée
à priori difficile d’une demi-heure, aura été vu par environ
100 000 spectateurs. Un long métrage sur trois n’atteint
pas ce chiffre.
Outre cette circulation dans les salles de cinéma, l’Agence
du court métrage s’est intéressé dès 1985 aux possibilité
d’exposition sur les chaînes de télévision tant françaises
qu’étrangères. En 2002, la Régie TV câble, qui est le service
de l’Agence chargé des ventes aux télévisions a enregistré
une hausse de 7% des ventes à l’international.
L’exception culturelle à l’œuvre
Soutenue par le Centre national de la cinématographie,
l’Agence du court métrage revendique son travail comme une
mission de service public. Son ambition sans cesse affirmée
est d’être le lien entre ceux qui font des courts métrages
et ceux qui veulent en montrer. Pourquoi ?
Parce que des films sont réalisés et qu’ils n’existent vraiment
qu’à partir du moment où ils sont vus. Parce que permettre
la circulation de ces œuvres c’est soutenir la vitalité du
secteur recherche du cinéma, c’est favoriser une diversité
d’expression, des modes de représentations alternatifs.
Une salle de cinéma peut être un lieu où s’exprime la diversité
culturelle du cinéma et elle peut à ce titre proposer, en
plus des longs, des documentaires, de l’expérimental et des
films de recherche. Beaucoup de salles ont conscience de cela,
pas assez. Celles qui se font fortes de programmer régulièrement
des courts parient sur une distribution multiple et nomade,
non exclusive et complémentaire. Car c’est en contournant
les schémas de la distribution classique que le court métrage
peut tirer son épingle du jeu et trouver à son tour dans les
salles de cinéma le lieu d’un réel épanouissement.
Ainsi, ce travail de maillage sur le territoire, grâce aux
efforts conjoints des salles, des associations et des festivals,
a permis de mettre en place une économie certes modeste et
fragile au regard de celle qui existe pour le long métrage
mais qui se chiffre tout de même en centaines de milliers
d’euros et permet l’existence de nombreuses structures de
production.
Pour sa part l’Agence du court métrage aura reversé aux ayants
droit (producteurs et réalisateurs) près de 500 000 euros
en 2001 rien que pour les locations en salles.
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