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  La raison du plus fort (c) D.R.

Dans la même veine critique, mais dans un registre différent, on peut également toucher deux mots de La Raison du plus fort, de Patric Jean : travail « engagé », bien entendu, et qui tente, par un balayage de grandes villes belges et françaises, de mettre en lumière les mécanismes, punitifs, de criminalisation de la pauvreté. On pense à Bourdieu et à Foucault. On pense aussi, et peut-être surtout, à Wacquant, dont le livre Les Prisons de la misère trouve ici une mis en images convaincante. Le résultat ? Un film à la fois travaillé, « écrit » et terriblement factuel. « Qu’est-ce que nous sommes en train de faire ? » demande à la fin un Patric Jean inquiet des ravages sociaux causés par notre modernité punitive.

Autre grand moment de ce cru 2003 : le documentaire africain. Il y fut question des rapports entre passé et présent, entre quotidien et histoire, avec toute l’horreur et la souffrance que ce mot peut signifier pour l’Afrique.

Cette dialectique, le réalisateur sénégalais Moussa Touré l’interroge dans deux films magnifiques, différents dans leurs thèmes et pourtant intimement – et étrangement – liés. Poussières de ville suit un groupe d’enfants dans les rues de Brazzaville. Livrés à eux-mêmes, ils vivent d’expédients et dorment sur un marché. Nous sommes nombreuses donne la parole aux femmes violées pendant les guerres qui ont ravagé le Congo Brazza entre 1993 et 1999.

Nous sommes nombreuses(c) D.R.

Moussa Touré a souhaité utiliser l’expérience du premier documentaire pour aider les enfants de Brazzaville à revenir dans leurs familles. La fin du film est consacrée à ces retrouvailles et on reste frappé par la froideur, presque l’indifférence, avec lesquelles sont accueillis ces enfants. Ce sont ces retrouvailles glaciales qui sont à l’origine du deuxième documentaire de Touré : peut-être ces enfants sont-ils des enfants de la guerre, des enfants de viols… Une hypothèse qui donne lieu à des entretiens souvent déchirant et qui disent toute l’abomination de cette violence. Quelle en est le fondement (politique, historique, sociologique, anthropologique…) ? Où ce désir de viol trouve-t-il son origine ?, interroge Touré. Est-ce la guerre ? Est-ce l’homme ? Questionnée, une victime reste sans vraie réponse. Et nous avec.

La violence et la mort, enfin, son également au cœur du petit bijou, tout pétri de souffrances et étrangement passé inaperçu, que constitue Un Mal fou, de Marianne Gosset. Film difficile et d’une intensité rare sur les rapports entre une mère et une fille qui n’aura reçu d’elle qu’absence, manque et folie. Un Mal fou raconte cette histoire, celle d’une femme qui crève de sa mère, de sa parole, de son amour et de sa haine. A la mort de cette mère honnie, comme souvent, des secrets sortent de leur placard : viols, suicides, enfants cachés… Et ce n’est qu’à ce prix que le deuil peut commencer. Un documentaire qui sonne comme une prise de parole, jusque là confinée, confisquée, étouffée, sans doute, par une souffrance trop intense…





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1)
Du nom d’un cinéaste bolchevique, Aleksandr Ivanovitch Medvedkine. Peu après la Révolution d’Octobre, il avait installé un studio dans un train pour sillonner l’URSS et montrer ses films aux paysans et ouvriers soviétiques.




Site de Lussas : www.lussasdoc.com
Site du film : www.laraisonduplusfort.com