Lyon, juin 2003, l’Institut
Lumière fête ses vingt ans. A cette occasion, est inauguré
le nouveau musée Lumière, musée de cinéma imaginé par
Dominique Païni et Nathalie Crinière (Hitchcock et l’art)
dans la Villa historique qui porte leur nom. Le visiter mérite
le détour, car il permet de prendre conscience avec émotion
des traces fantomatiques ou tangibles laissées par le tandem
historique qui créa le Cinématographe.
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Dans l’antre de cette villa
cossue nichée dans le quartier de Montplaisir à l’Est du centre
de Lyon, les espaces du musée Lumière prennent place sur trois
étages. Le premier niveau (rez-de-chaussée) réunit les deux
qualités principales qui fondent la trajectoire des Lumière :
Auguste et Louis étaient autant des « artistes »
que des « ingénieurs ». Le parcours muséographique,
conçu à partir des collections de la ville de Lyon (rassemblées
par le docteur Paul Génard) et de celles de l’Institut Lumière,
débute par une mise en perspective du travail des Lumière
avec deux courants artistiques majeurs : l’impressionnisme
et le pointillisme. En figurant l’invisible (la lumière, le
vent), l’inaccessible (les nuages) ou l’intangible (la fumée,
les vapeurs), Les Lumière ont (inconsciemment) rendez-vous
avec Manet, Cézanne, Millet, etc. Coup de vent sur le port
de la Guillottière, le tableau de Nicolas Sicard qui s’impose
à l’entrée du musée, ne demande qu’à s’animer et devenir vue
Lumière, tant le mouvement qui anime ses nombreux personnages
est perceptible. Après cette entrée en matière, la visite
se poursuit avec le rappel des innombrables machines optiques
qui précédèrent l’invention des deux frères (lanternes magiques,
chronophotographie de Marey, etc). De l’autre côté des vitrines
exposant ces appareils du pré-cinéma, s’étend la section « Lumière
ingénieur ». Derrière la maquette des impressionnantes
usines Lumière (fondée en 1883, ses 6000 m2 réunissaient 260
ouvriers), c’est la genèse du Cinématographe qui s’expose,
avec les premières caméras imaginées par les Lumière, dont
le prototype du fameux Cinématographe qui servit notamment
à la réalisation de La sortie des Usines Lumière. La
présence, parmi les objets exposés, d’une machine à coudre
lyonnaise (dont le processus fait successivement avancer et
s’immobiliser le tissu, le temps de réaliser…le point !),
rappelle l’existence d’étonnantes similitudes avec l’appareil
des frères Lumière, décrit ainsi dans le préambule du brevet
établi en février 1895 : « Son mécanisme
a pour caractère essentiel d’agir par intermittence sur un
ruban régulièrement perforé de manière à lui imprimer des
déplacements successifs séparés par des temps de repos pendant
lesquels s’opère soit l’impression, soit la vision des épreuves ».
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