Mémoire du corps,
prégnance du son, intermittence des images
Le 14e Festival international du film de Marseille
s’est tenu du 27 juin au 2 juillet 2003 au Théâtre national
de la Criée, marqué par la beauté du Vieux-Port, le franc
dynamisme de ses soirées électro, les débuts de l’action intermittente
- quelques séances annulées, annonce du palmarès reportée
au lendemain de la clôture du festival… -, enfin par
des sélections de films assez inégales.
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Au sein de la compétition
internationale, on a notamment pu voir le très beau Dans,
Grozny dans de Jos de Putter, sur une troupe itinérante
d’enfants danseurs de Tchétchénie, et le fort intéressant
Kuxa Kanema, o nascimento do cinema de Margarida Cardoso,
sur l’histoire du cinéma mozambicais. Le Grand Prix est revenu
à Tie Xi Qu, du Chinois Wang Bing, longue saga en trois
épisodes sur l’effondrement économique de la région éponyme,
un des principaux pôles industriels situé au nord-est du pays.
Côté compétition française, on a pris le temps d’éprouver
à nouveau ces 17 minutes de bonheur offertes par Swann Dubus-Mallet
dans sa Lettre à L. et à elles toutes, troublant témoignage
de l’expérience d’une immigrée malgache, se juxtaposant en
voix off au parcours filmé du RER entre l’aéroport de Roissy
et la gare de Paris-Nord. Hésitations de la parole, images
noir et blanc dans une lumière subtilement filtrée, se conjuguent
pour donner l’impression d’un étrange voyage. Rien de commun
avec la facture claire, sobre, très classique mais somme toute
agréable, avec laquelle Marie-Hélène Rebois réalise Ribatz,
Ribatz ou le grain du temps. Film sur la reconstitution
par ses interprètes originaux d’un ballet de Dominique Bagouet,
Ribatz, Ribatz… met en scène un passionnant travail
de remémoration du corps qui lui a valu l’obtention du Prix
de la compétition française.
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En sus des sélections se
tenaient cinq « Ecrans parallèles », programmations
thématiques extrêmement nourrissantes abordant pêle-mêle les
croisements entre littérature, cinéma documentaire et arts
visuels, les spécificités de la mise en scène documentaire,
le lien qui peut exister entre mutations du monde et évolution
des formes documentaires, enfin la question du son, éternel
parent pauvre du cinéma. On ne pouvait pas tout absorber,
il fallait choisir. En ce début de période estivale, propice
à la regénération des sens, l’exploration des différents rapports
« du son à l’image » dans le documentaire semblait
une piste attirante pour qui souhaitait renouveler son regard
et tenter de réapprendre à voir.
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