Les
Baisers des autres
de Carine Tardieu
Durée : 13 min 50
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Synopsis
: C'est l'histoire d'une gamine de quinze ans qui trouve
la vie écœurante. En pleine crise d'adolescence, Sandra s'en
prend à tout le monde : que ce soit au lycée ou en famille,
rien n'échappe à ses critiques et à ses sarcasmes.
Points de vue : Carine
Tardieu a visiblement beaucoup aimé Le Fabuleux destin
d'Amélie Poulain. Dès la première image, la couleur orangée
rappelle le film de Jean-Pierre Jeunet. Et les références
s'accumulent dans les minutes qui suivent. D'abord, l'utilisation
de la voix-off. Romane Bohringer, qui a connu la réalisatrice
alors que celle-ci n'était que stagiaire régie sur l'un de
ces films, remplit son rôle avec talent. Elle retranscrit
avec une grande crédibilité les réflexions internes de la
jeune adolescente. Et quand viendra la fin du film, quand
l'adolescente se mutera en femme nostalgique d'un âge ingrat
certes, mais aussi en or, la voix suave de l'actrice prendra
une tonalité émouvante qui clôturera remarquablement un court-métrage
aux allures de clone. Car les similitudes entre la jeune Sandra
et la jolie Amélie ne s'arrêtent pas à la voix-off. Des scènes
entières sont quasiment repompées, notamment au tout début
avec la présentation de la famille ou encore avec le résumé
tout en images du destin fantasmé d'un amant imaginaire. Ces
procédés de copiste ne sont pas vraiment honteux. Un hommage
est un hommage, même si on frôle toujours dans ces cas-là
le plagiat. De Palma s'est inspiré d'Hitchcock sans que ces
films soient pour autant indignes d'intérêt. Bien sûr, Carine
Tardieu n'est pas - pour l'instant peut-être - au niveau de
De Palma. Et elle va en ce qui la concerne un peu loin dans
le photocopillage, quitte à faire douter de l'existence d'un
style propre. En fait, c'est là le prochain défi qui attend
Carine Tardieu après cette histoire mignonne sur la puberté
: montrer quel est son cinéma.
Réalisation : Carine Tardieu
Scénariste : Carine Tardieu
Casting : Le père : Didier Agostini, La mère
: Isabelle Otero, Sandra : Noémie Develay
Chef opérateur : Eric Dumage
Ingénieur son et montage son : Ivan Dumas
Mixage : Didier Cattin
Montage : Eric Pretet
Voix-off : Romane Bohringer
Musique originale : Alexandre Desplat
Production : Wacky Films
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Le Poteau rose
de Michel Leclerc
Durée : 14 min 30
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Synopsis
: Quand il l'a rencontrée, elle pissait partout et
c'était chouette, mais cinq ans après, il a découvert son
poteau rose. C'est l'histoire d'un amour, avec un début, une
fin, et au milieu, un enfant.
Points de vue : Combien
de cinéastes ont filmé des histoires d'amour ? Des milliers,
et en réalisant Le Poteau rose Michel Leclerc a rejoint
cette cohorte hétéroclite. Combien d'entre eux sont passés
à côté de la réalité d'un couple par esthétisation forcée
ou romantisation exacerbée ? Des centaines, et à la vision
de son Poteau rose il est clair que Michel Leclerc
n'en fait pas partie. En racontant face caméra une de ses
passions, le réalisateur français parvient à toucher la vérité
d'une relation amoureuse de son départ sur les chapeaux de
roue à sa chute dans le caniveau. Le côté « je raconte
ma vie... » de l'entreprise est en soi assez casse-gueule.
D'abord, qu'est-ce qu'on a à foutre des malheurs conjugaux
de ce monsieur qu'on ne connaît même pas ? Mais Michel Leclerc
s'en sort avec les félicitations du jury par des pirouettes
humoristiques et une sensibilité latente qui dégagent l'universalité
d'un propos apparemment on ne peut plus personnel et intimiste.
Certes, le réalisateur se met à poil au propre et au figuré,
mais c'est pour mieux nous parler, nous toucher. Michel Leclerc
dit des choses très justes que la majorité des gens n'osent
pas avouer ou s'avouer : « J'ai eu beau chercher,
je n'ai jamais retrouvé la qualité d'engueulade que j'avais
avec toi. J'ai bien essayé de traiter d'autres filles de connasse,
de salope, mais c'était moins bien » ou « Le
plus terrible, c'est que je crois que je t'aime encore ».
En un quart d'heure, Michel Leclerc résume une histoire d'amour
avec un joli début, un milieu fécond - un enfant est né -
et une triste fin - la femme quitte notre narrateur pour un
autre homme. Mais Michel Leclerc nous montre combien l'arrivée
à terme d'une relation n'est pas contrairement aux apparences
un si grand échec que cela. La rupture fait partie de la vie.
Après avoir en avoir connu une, on a toujours l'impression
qu'on n'aimera plus jamais, que la compagne dont on vient
de se séparer ou qui vient de nous laisser tomber est irremplaçable,
inoubliable. Et puis arrive au détour d'une rue, dans une
boulangerie, à un concert de Placebo ou dans une boîte de
nuit branchée l'imprévu, l'inconnue qui vous fait replonger
dans la seule addiction qu'il faut pratiquer sans modération.
Pour ce regard joyeux porté sur la vie alors que tant de réalisateurs
la considèrent avec dégoût, pour des morceaux à l'accordéon
d'une poésie incontestable, pour un ton humoriste toujours
drôle et jamais graveleux, pour tout cela et bien d'autres
choses encore, Le Poteau rose est un petit bijou de
cinéma.
Réalisation : Michel Leclerc
Scénariste : Michel Leclerc
Casting : Michel : Michel Leclerc, Marie
Ernestine : Marie Massiet du Biest
Chef monteur : Michel Leclerc
Chef opérateur : Michel Leclerc
Décors : Michel Leclerc
Ingénieur son, montage son et mixage : Michel
Leclerc
Production : Les Films du Bocal
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