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L'Etrange Fetsival 2003 (c) D.R. L’ETRANGE FESTIVAL 2003
Par Yves GAILLARD


Qu’est-il arrivé à l’Etrange Festival ? Au-delà de la raréfaction même des films et des sections, c’est le caractère « respectable » dans leur atypisme des cinéastes invités, et la relative pauvreté en incunables qui fit de cette édition, on l’espère, une édition de transition, ouvrant la porte à toutes les refontes possibles d’un évènement devenu pour nombre de cinéphiles une date ardemment attendue, où s’oublient pendant une petite quinzaine de jours la grisaille du contexte cinématographique actuel et la frilosité des politiques de ressorties et de rétrospectives. Car l’Etrange Festival a quelque chose d’un pèlerinage : du trop plein d’images, de la violence des contrastes, émerge chez l’amateur le plaisir forcément oxymorique du plus beau des grand huit cinéphilique, capable de programmer dans la même soirée un classique du film de karaté, la biographie intellectuelle de l’écrivain japonais Mishima réalisée par Paul Schrader en 1983, et un film fantastique d’une beauté troublante, Inugami de Msaato Harada.


  Masato Harada (c) D.R.

Mais reste l’évidence : « Etrangement », ce lieu imaginaire dédié à la déviance et aux pulsions scopiques prit dans ses hommages des airs d’institutionnalisation des marges, côtoyant plus que de coutume un cinéma établi ou reconnu . La proximité artistique de Masato Harada et Eloy de la Iglesia, s’inscrivant dans une veine classique de cinéma de la dénonciation sociale, faisait redondance dans un festival ou la diversité, voire la confusion thématique, constitue un des charmes. Connaissant le souci de ses organisateurs d’offrir à son public le meilleur, on ne peut que s’inquiéter très sérieusement de la tournure que prirent les évènements. Certes, les gourmands de pâtisseries bollywoodiennes ou de ce que Takashi Miike n’a pas forcément fait de meilleur (la trilogie Dead or Alive, pour ne pas la citer) ont été comblés, mais un sentiment lancinant de déjà-vu, de déjà expérimenté, parcourait ces soirées. Même la pourtant attendue « carte blanche » offerte à Gaspar Noé, potentiellement séduisante par l’intelligence cinéphilique déployée dans ses films par ce William Lustig français, se révéla empreinte d’une certaine timidité, à moins que ce ne soit du fait du caractère par trop personnel de sa sélection, dépourvu d’une réelle cohérence d’ensemble. Ainsi le faux événement  Elephant  : noyé entre des curiosités kitsch tels les films expérimentaux des frères Whitney ou le médiocre porno Defiance of Good, la violence sciemment déceptive des films d’Alan Clarke perdait toute puissance. On notera l’évidence, des influences qui ne s’embarrassent pas de distinction esthétique classique.

Peut-être en guise de rappel à l’ordre, la fréquentation de ce festival fédérateur sembla en nette baisse, mal desservie il est vrai par une rentrée sociale et culturelle des plus moroses . Qui aime bien châtie bien… Au fil des jours, heureusement, quelques pépites et redécouvertes parsemèrent le chemin du chroniqueur. (on renverra par ailleurs au portrait de Sonny Chiba, auquel un hommage fut rendu dans le cadre de cette édition).