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Reprise en chœur pour célébrer
(et fonder) la communauté (religieuse, ethnique et politique),
la samba est ce chant traditionnel qui cristallise les tensions
d'un pays travaillé depuis des siècles par d'importants clivages
ethniques et économiques. Tout se passe comme si se perpétuait,
en marge d'autres systèmes étatiques et économiques, une communauté
éparpillée mais unie par l'histoire, qui aspirait par le chant
et la musique à surmonter les difficultés pratiques et à créer
les conditions nouvelles et précaires d'un bonheur avenir.
La samba est une forme très directe d'utopie, le reliquat
- étonnamment vivant - d'une société peut-être primitive (toujours
le fantasme rousseauiste d'un âge d'or) dans laquelle le chant
aurait été le langage par lequel les hommes s'entendaient
et vivaient ainsi en bonne intelligence.
Au-delà du traitement intelligent du sujet même du film, Mika
Kaurismaki a tiré toutes les conséquences de son approche
documentaire en expérimentant des plans assez surprenants
dans lesquels le zoom avant - parce qu'il est à la fois soudain
et inattendu - occupe une place de choix. En recourant à ce
zoom, Kaurismaki parvient à rendre les aspects immédiats et
éphémères des danses et des visages, conférant ainsi à ce
qu'il filme, le pouvoir non seulement de nous éblouir (les
couleurs sont bien entendues éclatantes et omniprésentes dans
le film), mais également de surgir sous nos yeux. Ce cinéma-là,
parce qu'il est juste jusque dans les plans qu'il tente, aime
non seulement son objet mais également (l'un est le préalable
de l'autre) le comprend intimement.
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Dernier film projeté lors
de la rétrospective, L'invisible Elina de Klaus Harö
est le film qui représentera la Finlande aux Oscars en Mars
prochain. Ce film à tous les attributs d'une grosse production
: une photo impeccable, des acteurs beaux et charismatiques
(la petite Elina, il faut bien le dire, a une beauté rare
et mystérieuse) et une intrigue aux ficelles souvent saillantes.
L'invisible Elina, à l'inverse d’Elia ou encore
Blue Corner, se détourne du présent (le film se déroule
dans les années 50) et de ses problèmes sociaux pour investir
l'imaginaire onirique et lyrique d'une petite finlandaise
qui, refusant de faire de deuil de son père, parcourt le marais
à sa recherche. Ce film place l'économie au centre de sa construction
(simplicité des décors, désert du marais, silences répétés
d'Elina qui disent plus que n'importe quel discours), et tire
de son apparente simplicité une force et une beauté certaine.
Il constitue à ce titre une indéniable réussite.
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LES CINQ FILMS PRESENTES
Eila (Eila) de Jarmo Lampela avec Sari Mällinen,
Ilkka Koivula, Hannes Suominen, Kristiina Halkola
/ 2003 - 1 h 34 - 35 mm - couleur
Blue Corner (Haaveiden kehä) de Matti Ijäs
avec Sulevi Peltola, Petteri Summanen, Mikko Alanko,
Antti Litja, Rea Mauranen / 2002 - 1 h 31 - 35 mm
- couleur
Suburban Virgin (Espoon viimeinen neitsyt)
téléfilm de Hanna Maylett avec Hennariikka Laaksola,
Saila Laakkonen / 2003 - 1 h 03 - Beta - couleur
- VO sous-titrée en français
Moro no Brasil documentaire de Mika Kaurismäki
avec Margareth Menezes, Walter Alfaiate, Antonio
Nobrega, Ivo Meirelles / Allemagne/Brésil/France/Finlande
- 2002 - 1 h 45 - couleur - VO sous-titrée en français
L’Invisible Elina (Näkymätön Elina) de Klaus
Harö avec Natalie Minnevik, Bibi Andersson, Marjaana
Maijala, Henrik Rafaelsen, Tind Soneby - Suède/Finlande
- 2003 - 1 h 17 - 35 mm - couleur - VO sous-titrée
en français
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