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Beit (c) D.R.

Tel fut du moins l’avis de Yossef Tommy Lapid, aujourd’hui ministre issu du parti « laïque » Shinouï, et à l’époque directeur de la Télévision publique israélienne. Beit a été censuré, et la version projetée au Centre Pompidou est un kinéscopage d’une VHS piratée par l’auteur. Au moment où les premiers livres des nouveaux historiens israéliens commençaient à peine à être publiés par des éditeurs privés, il était sans doute délicat, pour une institution nationale israélienne, de montrer des images susceptibles d’ébranler à ce point l’inconscient collectif des Israéliens. Eux dont les pères avaient expérimenté, bien plus radicalement et à une toute autre échelle, l’horreur indicible de ce que signifie être employé, physiquement, à son propre anéantissement.

Appuyer là où ça fait mal, interroger la construction israélienne dans ce qu’elle a à la fois de plus concret et de plus problématique, tel était sans doute l’un des objectifs que s’était fixés Gitai. Vingt ans après Beit, dans la fiction Kippour, il dérange à nouveau en déboulonnant le mythe du guerrier israélien héroïque de 1973, pour montrer des jeunes soldats en proie à des sentiments très humains. Peur, lassitude, solitude au milieu du champ de bataille, en fait une vaste mare de boue striée par le passage des chars. Impuissance des hommes plongés au cœur d’une gigantesque machine de guerre qui les dépasse. De même que le bruit des canons et des pales d’hélicoptère, se propageant de part et d’autre de la salle de cinéma, embarque le spectateur au cœur d’un carnage qu’il ne comprend pas.

  Kedma (c) D.R.

Ce parcours où le réel est enregistré dans sa progression au fil du temps, et parfois transcendé par la fiction, est paradoxal, surtout si on le compare au travail d’un autre penseur, palestinien celui-ci, né deux ou trois ans plus tôt dans la même ville de Haïfa. En avril 1948, Elias Sanbar, encore bébé, doit fuire la ville avec ses parents devant la terreur exercée par les milices sionistes. Etudiant en France, il se lance dans un long travail d’historien dont chaque opus, loin de chanter les dithyrambes d’une patrie mythique à reconquérir, semble vouloir ancrer celle-ci dans le temps. En 1994, un an après les accords d’Oslo, il intitule Les Palestiniens dans le siècle le court essai qu’il consacre à l’histoire de son peuple dans la collection « Découvertes » de Gallimard. « Nous avons été poussés hors de la géographie, il ne faut pas que nous sortions du temps », écrit-il dans le dernier chapitre, citant un argument que Yasser Arafat avait livré à ses troupes en 1991 pour les enjoindre à entamer des pourparlers de paix.

Amos Gitai, lui, n’a pas cette angoisse. Il est dans la place, la géographie lui appartient et il se contente plus ou moins tranquillement d’en enregistrer les transformations sous l’effet du temps. Et comme cela ne suffit pas, comme ce qu’il y voit lui semble laid, il lui faut encore amender ce travail par une œuvre de fiction. Peut-être, selon le mot de Bazin, afin de substituer à son regard un monde qui s’accorderait davantage à ses désirs d’Israël : où le guerrier de Kippour ne serait pas un héros d’airain mais un homme blessé qui panse ses plaies dans l’acte d’amour ; où Israël ne se distinguerait pas de ses voisins arabes par la force qu’il leur impose mais, dans des films comme Alila ou Kadosh par exemple, par la liberté qu’il est capable d’offrir aux femmes qui ont le courage de la prendre.





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Site du réalisateur :
http://www.amosgitai.com
Site de Pompidou :
http://www.cnac-gp.fr




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Du mercredi 1er octobre au lundi 3 novembre
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