Présenté dans la travée du Palais de Tokyo, au voisinage d’œuvres
d’artistes contemporains, ce programme, associant des musiques
électroniques et des archives rares, propose un voyage contemplatif
à travers les images collectées tout autour du monde par les
cinéastes-explorateurs des « Archives de la Planète ».
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Le projet
Ce projet, lancé en 1909 par le banquier philanthrope
Albert Kahn (1860-1940), et dirigé par Jean Brunhes, initiateur
en France de la Géographie humaine, visait à inventorier les
cultures vernaculaires « dont la disparition fatale n’était
plus qu’une question de temps » et à fixer l’instant
fugitif où, pour la première fois, elles s’ouvraient au regard
de la caméra.
4 000 plaques stéréoscopiques, 72 000 plaques autochromes
et près de 162 000 mètres de pellicule furent ainsi rapportés
des campagnes menées autour du monde entre 1909 et 1931 par
les opérateurs Kahn et sont encore conservés dans les collections
du musée Albert-Kahn à Boulogne-Billancourt.
Les Archives de la Planète
Convaincu que la méconnaissance est un facteur de préjugés
néfastes à la paix mondiale, Albert Kahn prend aussi conscience
qu’un phénomène d’uniformisation est en train d’engendrer
la disparition d’un grand nombre de faits de civilisation,
d’où l’urgence d’en faire l’inventaire par l’image afin d’en
conserver la trace.
Amorcées en 1909, les Archives de la Planète s’éteignent début
1932, date où le banquier, ruiné, ne peut plus les financer.
Onze opérateurs principaux (trois cinéastes, trois photographes-cinéastes,
cinq photographes) ont alors parcouru la France et le monde,
rapportant à Boulogne 72 000 autochromes et 162 000 mètres
de film, pris dans une cinquantaine de pays. Les deux procédés
se complètent : le cinéma saisit le mouvement, tandis
que la photographie autochrome restitue les couleurs. À cela
s’ajoutent des documents acquis auprès de Gaumont, Pathé ou
encore de la Section photographique et cinématographique de
l’armée.
Aujourd’hui, ces images d’archives conservées dans les collections
du musée Albert-Kahn de Boulogne-Billancourt constituent une
documentation exceptionnelle, car, sans négliger l’événementiel,
elles insistent surtout sur les faits du quotidien, longtemps
négligés par l’histoire.
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