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Ménagerie de verre (c) D.R. LA MUSIQUE DE L'IMAGE
LE MOUVEMENT DU SON


Du 3 au 8 novembre 2003 Paris
Par Cécile GIRAUD


Du 3 au 8 novembre, la Ménagerie de verre accueilli les auteurs et les spectateurs d’un étrange festival, mêlant cinéma, projections interactives, performances de corps et d’images. Entre créations contemporaines et œuvres déjà historiques, le festival a tenté de nous présenter un large panel des différentes interactions entre l’image (au sens large, c’est-à-dire tout stimulus visuel) et le son.


  Ménagerie de verre (c) D.R.

L’installation elle-même donnait toute son ampleur à cette manifestation. La Ménagerie de verre, vaste lieu semblable à un puzzle, au nom poétique et sonore, rappelant à nos mémoires d’enfants les premières lectures, les premiers fantasmes, abritait dans chacun de ses recoins des installations permanentes ou éphémères, jouant avec toutes les possibilités architecturales, couloirs étroits, salle de danse nue, hangar froid et blanc, miroirs… Ainsi, dans une même soirée, on pouvait passer du rez-de-chaussée à l’étage, du hangar qui nous confinait dans un espace large mais fermé à la salle de danse qui démultipliait l’image par son mur-miroir.

Chacune des soirées du festival donnait au spectateur différentes possibilités de vision, tour à tour actif ou passif, simple regardant d’images projetées, parfois inséré dans le dispositif, ou même complètement actif, garant du bon déroulement de la projection, investi du plus grand pouvoir qui soit, celui de la création, prenant en charge l’intérêt de l’œuvre proposée. Sans spectateur, pas de dispositif, pas d’intérêt.

C’est bien ce que semblait vouloir nous dire l’ensemble du festival et de ses œuvres, car l’enjeu de tout ceci était bien la perception, et le spectateur était amené à se demander en permanence qu’elle était la bonne façon de percevoir les projections qui l’entouraient. Les sens de lecture sont-ils réellement aléatoires et infinis selon chaque individu, ou y a-t-il un seul sens de lecture, les spectateurs sont-ils tous régis par les mêmes réflexes visuels ?

Yann Beauvais (c) D.R.

Deux dispositifs ont pertinemment posé la question : les installations à écrans multiples, et la performance de Yann Beauvais.

La première soirée à la ménagerie nous proposait des installations à écrans multiples, allant du split-screen classique bien connu des cinéphiles et maintes fois utilisé par les cinéastes de fiction (Brian De Palma en tête), à une multiplicité d’écrans phénoménal (cinq pour une installation de Yann Beauvais), ou à la superposition d’écran (une image plus petite dans une image plus grande), et à la séparation pure et simple de deux écrans qui se font face (impossible dès lors d’accéder à la position « normale » du spectateur face à l’écran, puisqu’un autre écran a pris notre place). Comment percevoir ces différentes images ? Décide-t-on d’un sens de lecture conscient ou sommes-nous tributaires de réflexes inconscients qui mènent tous les spectateurs à percevoir la même chose au même moment ? La question ne trouvera pas de réponse ici, bien qu’il semble évident que chacun voit chaque installation différemment, tout en se retrouvant sur les signaux globaux des œuvres.

Avec la multiplication d’écrans, le spectateur est créateur de l’œuvre, puisqu’il a à sa disposition une infinité de sens de lectures, mais serait-il de trop ?