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Un jeu de communication se fait entre
les différents écrans, entre les différents sons, jusqu’à ce
que ceux-ci entrent en osmose, semblant se répondre, jouer entre
eux de façon autonome. L’installation de Liz Rhodes, Light
Music, en est le plus parfait symbole : deux écrans
blancs se font face. Des lignes noires et blanches apparaissent
et disparaissent, s’élargissent, parfois ténues, sur le mode
de la corde musicale que Walt Disney avait tenté dans son Fantasia,
et plus généralement dans tout son film : comment la musique
peut-elle donner vie aux images ? Peut-on interpréter le
son visuellement, comment représenter les vibrations des sons,
ses variations ? Light Music est d’autant plus pertinent
qu’il confronte deux images pour le même montage de sons (ou
plutôt deux montages qui se confondent). Ainsi, il apparaît
que les images décalées entre elles, présentant, il semble,
les mêmes formes bien que décalées dans le temps, répondent
aussi parfaitement aux sons l’une que l’autre. Alors, sont-ce
les images qui répondent aux sons ou les sons qui répondent
aux images ?
Liz Rhodes répond partiellement à notre question sur la perception :
quels que soient les sons et quelles que soient les images,
notre œil et notre oreille sont toujours prêts à créer un
lien, aussi artificiel soit-il. Ces deux modes de perception
sont intimement liés, jusque devant un film muet et insonore,
où chaque son parasite (bruit du projecteur, bruits des spectateurs)
transforme littéralement le film vu, aussi silencieux soit-il.
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Plus engagé politiquement, la performance intitulée Tu,
Sempre de Yann Beauvais et Thomas Köner mêlait, elle aussi,
image et son. Ou plutôt, la parole écrite et la parole dite
se disputent la place, se confondent. L’œil et l’oreille ne
sont alors plus en harmonie, créant une osmose entre son et
image, mais entrent en confrontation jusqu’à ce que le spectateur
fasse abstraction du sens de l’un ou de l’autre, si ce n’est
des deux. Avec Tu, Sempre, Yann Beauvais crée le vertige.
Vertige des paroles écrites et dites, vertige de l’écrit qui
crée des images abstraites, quand les phrases se croisent,
clignotent, passent verticalement ou horizontalement, depuis
la droite ou la gauche. Alors, l’œil se fixe sur l’une de
ces phrases, faisant abstraction des autres. De toutes les
façons, le sens global de l’œuvre perdure, puisqu’une seule
de ces phrases résume la totalité de l’œuvre, la totalité
du message politique et social. Paradoxalement, c’est en offrant
du sens que Tu, Sempre hypnotise. Entre l’attention
apportée à une seule phrase donnant du sens et la vision globale
de l’œuvre qui en devient abstraite, Yann Beauvais et Thomas
Köner ne nous proposent pas d’alternative.
« La musique de l’image – le mouvement du son »
s’est interrogé pendant toute une semaine, entre installations,
projections et performances, sur le sens que l’œil et l’oreille
ne manquent pas de créer face à chaque son et chaque image,
aussi abstraits soient-ils. Finalement, message social ou
simple stimulus, nous cherchons perpétuellement à donner du
sens aux images qui nous sont proposées, jusqu’à ce que celui-ci
soit tellement dense qu’il disparaisse.
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Ménagerie de verre
12/14 rue Léchevin
75011 Paris.
Métro : Parmentier.
Tél : 01 43 38 33 44
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