Malgré ses origines douteuses - car considéré
au début comme un modèle propagandiste pour l’Italie fasciste
de Mussolini - le festival du film de Venise a la réputation,
bien méritée, d’avoir une forte conscience politique et sociale.
La Mostra de 2003 n’est pas une exception. Les films italiens
les plus intriguants présentés cette année - Segreti di
Stato et Buongiorno Notte ont été réalisés respectivement
par Paolo Benvenuti et Marco Bellocchio - sont profondément
politiques.
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Segreti di stato, ou l’examen dévastateur
d’un massacre de communistes siciliens en 1947, implique d’une
façon audacieuse le gouvernement italien, le Pape, la Mafia
et Harry S Truman. Ce film est historiquement captivant, mais
déçoit sur le plan esthétique. Buongiorno Notte, l’un
des meilleurs films du festival, est le film politique le
plus réussi, et le plus acclamé par les critiques. C’est un
témoignage commémoratif et incantatoire sur les « anni
di piombo », ou « les années de plomb », moment
où le mouvement de la Brigade Rouge battait son plein. Il
raconte l’histoire réelle et extraordinaire de l’enlèvement
et du meurtre du Premier ministre italien, Aldo Moro.
D’autres films politiques, historiquement importants et venus
d’autres pays ont été présentés à La Mostra : le sensuel
et suggestif Pornografia, adaptation littéraire dont
l’action se situe dans la Pologne de la seconde guerre mondiale,
et Rosenstrasse, un film totalement conventionnel,
mais bien intentionné, de la réalisatrice allemande féministe
Margarethe von Trotta. Celle-ci examine l’histoire méconnue
des femmes allemandes qui ont protesté contre la persécution
de leurs maris juifs, à l’époque nazie. Pourtant, l’un des
plus beaux films politiques, et parmi les plus acclamés, était
Cerf-Volant, une histoire d’amour lyrique entre une
jeune libanaise et un soldat arabo-israélien, vécue à la frontière
de l’Israël et du Liban.
Réalisé par Jacques Doillon, Raja offre un autre portrait
de la jeune femme arabe. Film plus « masculin »,
Raja est pourtant doté d’une interprétation principale
étonnante. Incarnant la passion, la colère et l’humanité d’une
jeune femme dans le Maroc de l’après-colonialisme, Najat Bessalem
brille dans le rôle de Raja. Elle a d’ailleurs gagné le prix
Marcello Mastroianni à la Mostra.
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