Annuaire boutique
Librairie Lis-Voir
PriceMinister
Amazon
Fnac

     



 

 

 

 

 
Rosenstrasse (c) D.R.

Imagining Argentina a été une grande déception. Adapté du roman américain Magical realist, il met en scène la persécution des activistes de gauche dans l’Argentine fasciste, pendant les années soixante-dix et quatre-vingts. Il marie séquences crues de torture avec des moments fantastiques, totalement stupides. Imagining Argentina est complètement irréel ; il n’y a pas de mot assez fort pour le décrire.

Heureusement, deux réalisateurs américains très différents, Oliver Stone et Jonathan Demme, ont connu à la Mostra un succès considérable avec leurs films documentaires. Dans Persona Non Grata, Oliver Stone nous entraîne dans une énergique investigation à travers la Palestine. Il a obtenu quelques interviews captivantes, représentatives des deux cotés du conflit arabo-israélien : la Brigade Al Aqsa, le Hamas et le gouvernement israélien. Réalisé par Jonathan Demme, The Agronomist est un portrait intelligent et saisissant de Jean Dominique, journaliste haïtien qui a courageusement combattu pour la liberté de la presse dans son pays. En fait, bien des documentaires du festival, tels que Persona Non Grata, The Agronomist et Gulu - étude sociologique et politique d’une ville déchirée par la guerre, dans le nord de l’Ouganda, réalisée par l’italien Luca Zingaretti - étaient bien plus provocants et captivants que la plupart des films narratifs. La forme documentaire est bien plus vivante. Désormais, les grands cinéastes américains s’attaquent aux problèmes politiques délicats, et analysent d’un œil critique le rôle contemporain des Etats-Unis, ce qui est une chose particulièrement encourageante. La Mostra révèle également que nous sommes toujours hantés par l’Holocauste (Rosenstrasse, Pornografia), et que le conflit arabo-israelien demeure un réel tourment (Cerf-Volant, Persona Non Grata, La Guerra).

Venise devient la vitrine mondialiste du cinéma. Avec la participation de la Russie, de la Chine, du Liban, du Japon ou de l’Italie, la Mostra de 2003 nous a offert une sélection riche, variée et étonnante de films pertinents. Mais la relative qualité de quelques films narratifs a favorisé une impression schizophrénique, néanmoins amusante. Malgré les désastres d’Imagining Argentina - hué par le public de la Mostra - et de 29 Palms - une étude inutile, prétentieuse et extrêmement violente de Bruno Dumont - quelques films nous ont fait revivre la joie du cinéma. C’est le cas de Lost in Translation,  un film réalisé par Sofia Coppola et imprégné d’humour intelligent, et de Zatoichi, un film de sabre de Takeshi Kitano, qui frappe par sa liberté stylistique. Le plaisir de filmer se dégage véritablement de ces films.

La Mostra est aussi le lieu incontournable du « star power ». Promouvant le dernier effort des frères Coen - Intolerable Cruelty est une comédie sentimentale, révélatrice du manque d’inspiration surréaliste des deux réalisateurs - George Clooney et Catherine Zeta-Jones, le couple le plus séduisant du cinéma actuel, ont redoré l’éclat hollywoodien du festival.