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EntreVues 2003 (c) D.R. FESTIVAL INTERNATIONAL
DU FILM DE BELFORT

ENTREVUES 2003
Compte-rendu

 

Par Matthieu CHEREAU


>EntreVues 2003, cette dix-huitième édition dédiée à Janine Bazin, la créatrice du festival disparue six mois plus tôt, proposait pléthore de programmations tout aussi diverses les unes des autres (rétrospectives consacrées à Stéphane Audran, Barbet Schroeder, carte blanche à André S.Labarthe, programmations autour du cinéma chinois contemporain et d’une thématique transversale « Mues, mutations, métamorphoses », reprise et amplifiée en février 2004 à la Cinémathèque Française).


  Un kilomètre à pied (c) D.R.

Pour le choix des films en compétition, deux nouveaux sélectionneurs ont fait leur apparition cette année : Bertrand Loutte, journaliste érudit des « Inrockuptibles » et collaborateur de l’émission « Courts-circuits » sur Arte, en tandem avec Jean-Sébastien Chauvin, valeureux rédacteur des Cahiers du Cinéma.

Cette compétition fut d’ailleurs particulièrement riche cette année. Présentant à la fois des films courts et longs, français et étrangers, elle a donné l’occasion de découvrir une grande diversité de films des plus convenus, au plus inattendus. Les grands prix du long métrage sont à cet égard tout à fait représentatifs, l’Esquive (Grand prix français) reposant sur différents niveaux de langues tandis que Il Dono (Grand prix étranger) se distingue par des dialogues pratiquement inexistants. Au-delà de ce clivage, il est certain que ces deux films méritaient un prix tant l’un comme l’autre, en prenant un parti pris très affirmé (des langues qui se brouillent mutuellement, une langue qui s’efface devant l’image nue), parviennent à donner aux sujets qu’ils traitent et aux formes qu’ils décrivent un aspect simple et direct qui en rend la compréhension presque immédiate. Il y a fort à parier également, qu’on reverra Il Dono primé dans d’autres festivals. Ce film rappelle d’ailleurs Plaisirs inconnus de Jia Zhang Ke, mais tourné à la manière d’In public (également projetés à Belfort, In Public était également visible à l’exposition Alors, la Chine à Beaubourg). Michelangelo Frammartino réalise ainsi une fiction en lui donnant la forme d’un documentaire. Plusieurs réalisateurs (notamment Frank Ciochetti et Ange Leccia) ont à ce propos rappelé au cours du festival la grande porosité qui existait entre documentaire et fiction. Cela n’est pas neuf, bien entendu, le documentaire a en effet toujours comporté un part de fiction, et d’autres réalisateurs avant eux, à l’instar d’Arnaud Des Pallières et Vincent Dieutre, adoptaient déjà ce discours. En réalité, l’enjeu de plus en plus ne sera pas l’irruption de la fiction dans le documentaire, mais bien l’inverse.