MARDI 11 MAI 2004
Cannes, 24 heures avant
l’ouverture du festival. Le bunker, alias « palais
des festivals » n’a jamais autant mérité son surnom.
Aux nombreuses barrières qui l’entourent traditionnellement
pour canaliser les flux de festivaliers, s’ajoutent de petits
groupes de CRS dont les mines sont loin d’être exaltées.
On ne rigole plus. Les intermittents du spectacle, toujours
en lutte contre la réforme de leur convention d’assurance
chômage, sont descendus en masse sur la Croisette pour trouver
une tribune d’envergure internationale à leur combat. « La
palme dort, réveillons-là ! » ont-ils trouvé
en guise de slogan mémorable.
Alors que la direction du festival de Cannes a entamé les
négociations, le mouvement a reçu le soutien des cinéastes
français présentant un film en compétition. Parmi eux, Agnès
Jaoui, éphémère porte-parole des intermittents lors de
la dernière cérémonie des César’, ou encore Jean-Luc Godard,
qui doit présenter dans quelques jours son nouveau film,
Notre musique, en sélection officielle hors compétition.
Le sage helvétique de Rolle, dont on se rappelle l’activisme
militant lors du fameux Cannes 68 (la manifestation avait
été annulée à l’initiative des cinéastes en colère de la
nouvelle vague) aurait donné 5000 euros à la coordination
des intermittents tout en leur cédant la place lors de sa
prochaine conférence de presse.
Mardi soir, alors que les esprits cannois commençaient à
bien s’échauffer (voir l’ahurissante manifestation des commerçants
cannois défendant l’ouverture du festival et fustigeant
l’arrivée de « hordes d’intermittents »), un accord
entre la direction et les intermittents avait été trouvé.
A part ça, Cannes 2004, quoi de neuf ? Rien. Toujours
la même débauche commerciale, toujours la même terre de
contrastes. Le petit théâtre des artifices dresse ses tréteaux
pour une grosse dizaine de jours. A propos d’apparences,
décernons la palme de la première blague du festival à l’AFP,
qui très sérieusement écrivait ce matin, « lundi,
aucun intermittent n’était visible à Cannes ».
Ben oui, c’est ça le problème à Cannes (et ailleurs !) :
à quoi reconnaît-on physiquement un intermittent ?
Quelle apparence ça a, un intermittent ? Bonne question,
car autant on arrive à reconnaître un festivalier à Cannes
(il arbore son accréditation autour du cou), un intermittent,
c’est beaucoup plus dur ! Car il y a des intermittents
avec accréd, d’autres sans, et puis des festivaliers avec
accréd et qui ne sont pas intermittents… En bref, problème
insoluble. Un de plus pour nos amis policiers municipaux,
CRS et autres vigiles qui pullulent dans la ville.
Heureusement il y a les films. Plein de films. Ce sont eux,
une fois de plus, qui seront l’objet attentif de cette chronique
régulière.