Dernier jour du festival avant le départ dimanche matin. L’occasion
de flâner un peu, de découvrir quelques courts métrages de la
compétition salle Bunuel (dont l’excellent film de Juan Solanas,
L’homme sans tête, ou les déboires d’un homme qui voulait
s’acheter une tête avant de déclarer son amour), de redécouvrir
avec émotion Les temps modernes, de Chaplin, sur grand
écran, dans une impeccable version numérique et de revoir enfin
le soir L’évangile selon St Matthieu de Pasolini, reconstitution
fidèle de la vie du Christ, peut-être l’un des films les plus
passionnants puissants et personnels de son auteur…
DIMANCHE 25 MAI
Avant le retour à Paris, dernière
ballade sur une Croisette rendue peu à peu à ses touristes et
ses personnes âgées. On croise soudain l’attaché de presse d’Elephant,
l’oreille vissée à son téléphone portable parlant à un interlocuteur
inconnu : «et surtout vous n’en parlez
à personne ». De quoi ? De la palme d’or, bien
entendu…mais aussi du prix de la mise en scène, moins évident
dans les pronostics journalistiques entendus même s’il est tout
à fait justifié. Le palmarès énoncé le soir même par Chéreau
se concentre essentiellement sur trois films (Elephant
donc, Uzak et Les invasions barbares). Beaucoup
diront que le cru 2003 du festival de Cannes était l’un des
plus médiocres depuis bien des années. Déception (voire incrédulité
quand il s’agira des Côtelettes de Blier) est le mot
le plus juste, le moins excessif, tant le syndrome qualificatif
du film « pas mal, sans plus » régna pendant ces quinze
jours.
POST SCRIPTUM
Séance de rattrapage au Forum des images pour deux films
de la Quinzaine des Réalisateurs qui nous ont échappé sur la
Croisette.
Courts métrages
Pas grand-chose à retenir de
l’une des deux sélections courts-métrages de la Quinzaine, entre
un film russe abscons et suranné (Polden), la chronique
certes touchante mais aussi très horripilante d’une jeune adolescente
préparant sa bat-mitzvah (Voices from the Heartland :
slaves of the lord), un film gadget brésilien décalé (Castanho,
ou comment un singe en peluche peut vous changer la vie).
Un peu égaré à la fin de ce programme assez indigeste, l’excellent
Petits pas de Thomas Salvador. Troisième court-métrage
du réalisateur, après Une rue dans salongueur
et Là ce jour, Petits pas s’immisce, à l’instar
du jeune homme personnage principal du film, dans une clairière
où une dizaine d’enfants jouent ensemble, en silence… Cinéaste
d’un burlesque discret, du je/jeu, de l’initiation et de la
transmission, Thomas Salvador réussit une fois de plus son coup.
La répétition des « cascades » provoque le rire. Ce
n’est que lorsqu’un des enfants l’imite que l’on comprend que
le jeune homme est, d’une certaine manière, venu pour les libérer
d’un sortilège quelconque. Un dialogue peut s’établir. Le cadre
s’élargit, les gamins deviennent plus gais, plus naturels, leurs
occupations sont plus diversifiées.
No pasaran, Album Souvenir de
Henri-François Imbert
Henri-François Imbert, cinéaste discret,
part souvent d’un détail pour organiser sa geste cinématographique.
En l’occurrence de 6 cartes postales noir et blanc, relatant
l’arrivée dans un petit village français proche de la frontière
espagnole de réfugiés républicains fuyant le régime franquiste.
Sa quête se poursuit, il part à la recherche des 23 autres cartes
manquantes. Mêlant interviews, archives, plans en super 8 et
35 mm, son film déroule le thème de l’exil et de ses conséquences.
Sa réflexion rejoint l’actualité de Sangatte et de ses réfugiés,
histoire de boucler une boucle malheureusement sans fin…