En ce qui concerne
le reste de la programmation internationale, on passera poliment
sur Buddy, comédie norvégienne démagogique et sans
intérêt, surfant sur la mode de Jackass. En définitive, un
produit lisse et bien pensant qui aurait sa place à la télévision.
On retiendra surtout Milwaukee
Minessota de l’américain Allan Mindel, vu à Cannes dans
le cadre de la Semaine de la Critique. Voilà l’exemple type
du film indépendant américain, ancré dans une région (un
Wisconsin enneigé) qu’on voit peu habituellement dans le
cinéma américain. Le film garde néanmoins une efficacité
et une solidité narrative très américaine, et reprend d’ailleurs
des thèmes relativement classiques du film noir (on pense
à Fargo). C’est aussi le portrait d’un héros attachant,
sorte d’attardé mental à la Forrest Gump (personnage archétypal
de la culture américaine, mélange de naïveté et d’optimisme)
qui se révèle plus malin qu’il en a l’air.
Enfin, citons le film un peu ovni de la sélection, Sansa
de Siegfried. C’est un film totalement libre, anarchiste,
faisant fi de toutes les règles et conventions habituelles,
porté évidemment par l’amour de la musique. Un film libre
comme son héros, qui fait ce qui lui plait et va ou bon
lui semble, au mépris des interdits, des lois et des frontières.
L’histoire est on ne peut plus simple : c’est un homme
qui fait le tour du monde à pied et rencontre différents
personnages. Il y a dans Sansa le désir presque fou
de filmer le monde entier et d’embrasser toute l’humanité,
vue sous ses différents visages. C’est un peu long, déséquilibré,
bordélique, mais il y a une énergie communicative, soutenue
par un filmage à l’épaule et à l’instinct et bien sûr par
la musique, et aussi une authentique générosité, un élan
pur vers l’humanité.